mercredi 9 octobre 2024

Les pièces "secrètes" manquantes du dossier d'instruction Seznec

Des pièces importantes ont été retirées du dossier d'instruction archivé à Quimper. Par qui et quand ? Je ne sais pas mais avant mars 1976. Denis Le Her-Seznec, Denis Langlois, Bernez Rouz ne connaissaient pas l'existence de ces documents. Ils n'en avaient jamais entendu parler. Inutile de demander à la fine équipe des anti-Seznec, Michel Pierre, Annick Le Douget, le réalisateur Pierre-François Lebrun et le dernier venu, Olivier Talabardon, leur point de vue sur le sujet. 

Bernez Rouz m'a dit plusieurs fois que la solution n'était pas dans le dossier d'instruction. J'ai fait des recherches non académiques sur l'affaire qui m'ont permis de découvrir l'existence d'une affaire de Cadillac avec la Russie des Soviets telle qu'elle est décrite dans le dossier d'instruction et de mettre le nom véritable sur l'Américain Chardy qui avait rendez-vous avec Pierre Quéméneur le 26 mai. Dans le cadre de ces recherches, j'ai découvert un document capital. Il s'agit du rapport Bonny daté du 8 juillet 1923 et qui concerne des recherches faites le 25 juin 1923 à la demande du commissaire Vidal. Ce dernier demande à Bonny de faire des vérifications concernant l'Américain Chardy. Bonny va partir sur une fausse piste sans intérêt. 

Pourquoi ce document est capital dans l'affaire Seznec ? Il prouve que Bonny a eu un rôle fondamental dans l'enquête qui bifurque à ce moment-là et deviendra uniquement à charge. Suite à ce rapport, Vidal considérera que l'Américain n'existe pas, de même que le trafic de Cadillac alors que Bonny n'a fait aucune recherche concernant les éléments du dossier d'instruction dont il disposait.  La Cour de cassation a eu accès à ce document en 2006 mais elle l'a totalement occulté. Remettre cette pièce dans le dossier d'instruction reviendrait à jeter une lumière crue sur la plus grosse bourde de l'enquête.

Si Bonny ne s'était pas trompé, sûrement de bonne foi, il n'y aurait jamais eu d'affaire Seznec. Quand j'ai évoqué ce point qui est le départ vers l'innocence de Seznec, Michel Pierre est resté tétanisé, incapable de répondre. Même avec ce document sous les yeux, il regarde ailleurs, obsédé par la prétendue "Impossible innocence" de Guillaume Seznec. Il préfère rester dans sa zone de confort avec le dossier psychiatrique du juge Hervé et l'étalage de fausses pistes ou de poncifs de l'affaire Seznec.

Pourquoi ce document n'a-t-il pas été utilisé lors d'une demande de révision ? La réponse est dans les deux premières lignes de cet article.

Pourquoi la Cour de cassation ne l'a-t-elle pas produit ? Car c'était la porte ouverte vers la révision.

Je crois savoir qu'il y aura une réponse faite au documentaire de France 3 qui est indigne d'une chaine du service public. Cela mériterait de saisir l'Arcom pour le non-respect de la pluralité.

 

Le mystère Bonny dans l'affaire Seznec


Dans plusieurs articles sur ce blog, j'ai évoqué le rôle de Bonny dans l'affaire Seznec en utilisant des archives jamais publiées, notamment le rapport Bonny de 6 pages du 8 juillet 1923. 

https://www.affaire-seznec.com/2022/01/bonny-et-laffaire-seznec.html

https://www.affaire-seznec.com/2021/09/dautres-elements-pour-une-demande-de.html

 

Il apparaît qu'il ne joue pas le rôle d'un inspecteur stagiaire porte-serviette de son commissaire mais qu'il participe en responsabilité à l'enquête sur l'affaire Seznec. En effet, le commissaire Vidal l'a chargé de retrouver l'Américain au nom approximatif de Chardy ou Cherdy (c'est la façon dont le nom est orthographié par Bonny). Il a enquêté toute la journée du 25 juin 1923 et il a remis son rapport daté du 8 juillet 1923 (la date inscrite du 25 mai est une typo).

Ce rapport est génant puisqu'il démontre l'importance que prend Bonny dans l'enquête. Pour une raison que j'ignore, ce rapport qui originellement se trouvait dans le dossier d'instruction archivé à Quimper a été retiré. De ce fait, personne ne l'a jamais vu, ni Bernez Rouz, ni Denis Langlois. Je l'ai retrouvé.

Bonny a déclaré le 27 décembre 1944, avant d'être fusillé, qu'il regrettait d'avoir envoyé au bagne un innocent en parlant de Seznec. Selon les propos rapportés par son fils, Jacques Bonny, "moi qui avais participé à l'enquête, j'étais certain qu'il avait tué le conseiller général Quéméneur. Ce n'est que bien des années plus tard que j'ai eu la certitude, pour ainsi dire formelle, que Seznec était innocent. Et pourtant, il est au bagne depuis plus de vingt ans et par ma faute, parce que je me suis trompé de bonne foi..."

Je me suis demandé pendant longtemps qu'elle était cette certitude quasi formelle et quelle erreur avait commis Bonny de bonne foi.

Dans mon enquête, j'ai démontré que Leon Turrou était l'Américain Chardy ou Cherdy. Pour ce faire, j'ai pris les 27 points connus dans le dossier d'instruction et je les ai fait matcher avec Turrou, un peu comme une empreinte digitale. C'est ce que j'appelle les points de convergence. Il est statistiquement impossible qu'il y ait plusieurs Américains vivants en 1923 qui correspondent. Pour le comprendre, il faut connaitre l'environnement de cette époque. De la même façon, il est impossible que les 27 points de convergence aient été inventés par Seznec car tous se sont avérés rigoureusement exacts. Seznec avait beaucoup plus de chance de gagner le gros lot à la loterie en achetant le billet gagnant sur 10 millions que d'inventer une histoire abracadabrande véridique.  

De l'intervention de Turrou dans l'affaire Seznec découle un certain nombre de conséquences notamment qu'il a bien rencontré Pierre Quemeneur à 2 reprises. Pour en revenir à Bonny, comme il était responsable des investigations concernant l'Américain, il est possible qu'avec le recul, il ait suivi une des pistes que j'ai identifiées comme les 5 manques dans l'enquête. Bonny est parti en emportant son secret mais je pense sans pouvoir en apporter la preuve qu'il a découvert la piste Turrou au bureau de poste du Boulevard Malesherbes. Dans son rapport, Bonny mentionne : "J'ai découvert non pas au 6 Boulevard Malesherbes où se trouve situé le bureau de poste numéro 3...". Ce bureau de poste où a été envoyé le chèque de Pouliquen et dont Seznec indique qu'il pourrait être l'adresse où Chardy ou Cherdy faisait expédier son courrier.Il a dû découvrir quelque chose comme la poste restante où Turrou se faisait forcément adresser son courrier.




Rapport de l'inspecteur Bonny





 

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