Dans plusieurs articles sur ce blog, j'ai évoqué le rôle de Bonny dans l'affaire Seznec en utilisant des archives jamais publiées, notamment le rapport Bonny de 6 pages du 8 juillet 1923.
https://www.affaire-seznec.com/2022/01/bonny-et-laffaire-seznec.html
https://www.affaire-seznec.com/2021/09/dautres-elements-pour-une-demande-de.html
Il apparaît qu'il ne joue pas le rôle d'un inspecteur stagiaire porte-serviette de son commissaire mais qu'il participe en responsabilité à l'enquête sur l'affaire Seznec. En effet, le commissaire Vidal l'a chargé de retrouver l'Américain au nom approximatif de Chardy ou Cherdy (c'est la façon dont le nom est orthographié par Bonny). Il a enquêté toute la journée du 25 juin 1923 et il a remis son rapport daté du 8 juillet 1923.
Ce rapport est génant puisqu'il démontre l'importance que prend Bonny dans l'enquête. Pour une raison que j'ignore, ce rapport qui originellement se trouvait dans le dossier d'instruction archivé à Quimper a été retiré. De ce fait, personne ne l'a jamais vu, ni Bernez Rouz, ni Denis Langlois. Je l'ai retrouvé.
Bonny
a déclaré le 27 décembre 1944, avant d'être fusillé, qu'il regrettait
d'avoir envoyé au bagne un innocent en parlant de Seznec. Selon les
propos rapportés par son fils, Jacques Bonny, "moi qui avais participé à
l'enquête, j'étais certain qu'il avait tué le conseiller général
Quéméneur. Ce n'est que bien des années plus tard que j'ai eu la
certitude, pour ainsi dire formelle, que Seznec était innocent. Et
pourtant, il est au bagne depuis plus de vingt ans et par ma faute,
parce que je me suis trompé de bonne foi..."
Je me suis demandé pendant longtemps qu'elle était cette certitude quasi formelle et quelle erreur avait commis Bonny de bonne foi.
Dans mon enquête, j'ai démontré que Leon Turrou était l'Américain Chardy ou Cherdy. Pour ce faire, j'ai pris les 27 points connus dans le dossier d'instruction et je les ai fait matcher avec Turrou, un peu comme une empreinte digitale. C'est ce que j'appelle les points de convergence. Il est statistiquement impossible qu'il y ait plusieurs Américains vivants en 1923 qui correspondent. Pour le comprendre, il faut connaitre l'environnement de cette époque. De la même façon, il est impossible que les 27 points de convergence aient été inventés par Seznec car tous se sont avérés rigoureusement exacts. Seznec avait beaucoup plus de chance de gagner le gros lot à la loterie en achetant le billet gagnant sur 10 millions que d'inventer une histoire abracadabrande véridique.
De l'intervention de Turrou dans l'affaire Seznec découle un certain nombre de conséquences notamment qu'il a bien rencontré Pierre Quemeneur à 2 reprises. Pour en revenir à Bonny, comme il était responsable des investigations concernant l'Américain, il est possible qu'avec le recul, il ait suivi une des pistes que j'ai identifiées comme les 5 manques dans l'enquête. Bonny est parti en emportant son secret mais je pense sans pouvoir en apporter la preuve qu'il a découvert la piste Turrou au bureau de poste du Boulevard Malesherbes. Dans son rapport, Bonny mentionne : "J'ai découvert non pas au 6 Boulevard Malesherbes où se trouve situé le bureau de poste numéro 3...". Ce bureau de poste où a été envoyé le chèque de Pouliquen et dont Seznec indique qu'il pourrait être l'adresse où Chardy ou Cherdy faisait expédier son courrier.Il a dû découvrir quelque chose comme la poste restante où Turrou se faisait forcément adresser son courrier.
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