Denis Langlois, Bertrand Vilain, Bernez Rouz
Michel Pierre, France 3 et Ouest-France ont remis un Franc dans le bastringue médiatique. Ils ont fait un petit tour de piste puis ils ont dit au revoir. Ils n'ont rien apporté, aucun fait nouveau, ni aucune analyse. Ils ont martelé contre toute évidence, sans répondre aux nombreuses interrogations et preuves contraires, que la police et la justice avaient bien fait leur travail. La mayonnaise n'a pas pris. La raison est simple. Quand on arrive avec une nouvelle thèse inverse de celles de ses prédécesseurs, il faut d'abord déconstruire et démontrer que ces derniers ont tort. Ensuite, on peut exposer sa nouvelle thèse et expliquer comment elle comble des erreurs ou de mauvaises interprétations. Michel Pierre a uniquement repris une thèse ancienne dont plus personne ne donne crédit sans apporter de plus-value. Quand un journaliste de France 3 pourtant bienveillant pose la question qu'un faussaire ne fait pas forcément de Seznec un meurtrier. Michel Pierre est abasourdi, incapable de répondre. Il s'embrouille, il s'énerve, il cherche ses mots puis répond à côté en appelant Landru à la rescousse.
Cette petite agitation m'a donné l'occasion de décortiquer la thèse de Michel Pierre. Sur l'affaire Seznec, il n'y avait rien. Quant à sa thèse, un peu loufoque, d'un complot d'extrême droite, avec un juge fou, qui a perduré jusqu'en 2024, il ne reste pas grand-chose, sauf une chose importante...
De mes échanges avec Michel Pierre, je garde l'image d'un dandy dilettante, pas toujours très sérieux, avec un gros manque de rigueur. Il est capable d'une mauvaise foi abyssale sans laisser apparaître la moindre gène. Il est toutefois sympathique. Il connait personnellement Denis Seznec depuis une visite avec un ministre, au bagne, en Guyane dans les années 80 qui a laissé de vieilles rancœurs recuites.
Encore un autre document exclusif, jamais publié, probablement trouvé dans une brocante à Morlaix. Il s'agit du rapport du commissariat de Police de Morlaix concernant la moralité de Seznec. Il reflète plus le sentiment général en ce début d'année 1924 d'un Seznec accusé de meurtre que d'une argumentation sérieuse. Probablement qu'un an avant, le rapport aurait été plus mesuré.
J'essaye dans le cadre de mes recherches de chercher l'information directement à la source dans les archives. Même si les articles de presse sont une source importante, il n'est pas possible de s'y fier aveuglément. C'est un peu comme penser que le documentaire "La fabrique de l'histoire" avec Michel Pierre est fiable. Quand on expose un seul point de vue très contestable sans contradicteurs, on arrive à faire de la propagande mais sûrement pas de l'histoire. C'est ce que je voulais démontrer en publiant ces documents exclusifs.
Encore un document exceptionnel jamais publié. Lettre à en-tête de la Grande Manufacture de sabots en tous genres à Morlaix. Marie-Jeanne essaye désespérément de joindre son mari Guillaume. Elle ne sait pas où il est. Elle indique uniquement sur l'enveloppe : "Monsieur Vidal, Commissaire de la police mobile en mission à Dreux Faire suivre très urgent". Le cachet de la poste porte la date de dépot, le 1 juillet 1923 Morlaix Finistère.
Encore un document inconnu du dossier d'instruction. Courrier de Guillaume Seznec du 17 mai 1916. Il est affecté à Ouessant.
Pierrick Baudais de Ouest-France revient encore à la charge avec un podcast anti-Seznec et les inévitables Michel Pierre et Annick Le Douget. Comme d'habitude, il n'y a qu'un son de cloche avec des affirmations fausses. A nouveau, Michel Pierre indique qu'une affaire de Cadillac était impossible, que les Russes n'avaient pas besoin de Cadillac d'occasion. Cette affirmation est en totale contradiction avec les faits connus et prouvés que l'on trouve dans les archives du fonds Hoover aux Etats-Unis.
J'avais déjà dénoncé la déontologie douteuse et les méthodes malhonnêtes de Ouest-France dans la fausse interview de Denis Seznec. Les interviews dans ce journal, c'est comme le rhum, c'est arrangé. Depuis plusieurs années, le matraquage mensonger continue. N'achetez pas Ouest-France, utilisez uniquement ce journal pour démarrer votre feu dans la cheminée. Moi, je l'utilise beaucoup pour envelopper des objets fragiles, de la verrerie...
Autre document exclusif, jamais publié, ni jamais mentionné dans aucune des procédures concernant l'affaire Seznec. L'ami de Seznec, De Jeagher qui est en conflit avec Quéméneur adresse un courrier au commissaire Vidal le 29 juin 1923. Il dénonce une personne qui serait responsable de la disparition de Quéméneur. Le nom de la personne est au verso du mémo. Nous savons que le commissaire Vidal n'a fait aucune vérification.
Faire des recherches dans les journaux de l'époque, comme l'a fait Michel Pierre pour écrire son "Impossible innocence", c'est bien mais aller fouiller dans les archives, c'est mieux. On peut trouver des pépites. C'est ce qui fait la différence entre un investigateur historico-policier un peu Indiana Jones qui n'hésite pas à faire des fouilles avec un tracto-pelle et un historien de salon au coin du feu en charentaises. Ce dernier critique la folie médiatique quand bien même il y participerait, n'hésitant pas à surenchérir dans la mauvaise foi.
Jamais publié à ce jour, voici la copie originale du document officiel avec la description de la valise de Quéméneur trouvée au Havre ainsi que son contenu. Même si l'hygiène corporelle s'est améliorée depuis les années 20, je m'étonne qu'il y ait 4 mouchoirs et aucun sous-vêtement. Je ne sais pas avec quelle régularité Pierre Quéméneur changeait ses chemises et chaussettes mais le rapport de police indique que la chemise ainsi que les chaussettes ont été portées. Il avait prévu de rentrer pour assister au mariage religieux et à la noce d'une nièce, le mardi 29 mai. Il avait des effets personnels pour 4 jours. Nous pouvons déduite qu'il changeait de faux-col et de mouchoirs tous les jours et de chemises et chaussettes tous les deux jours. Il y a donc une incohérence avec sa disparition le 25 mai.
Mais seule l’affaire Seznec continue à agiter les passions. « Dans les salons du livre, je suis interpellée par des personnes de tous âges qui contestent les faits, défendent l’innocence de Seznec… C’est incroyable d’entendre encore cela ! L’opinion a été durablement manipulée », constate l’ancienne greffière.
Je n'avais plus de nouvelle de Laurent. Chaque fois que les médias parlaient de l'affaire Seznec, il m'appelait. J'ai essayé de le contacter mais son téléphone n'était plus attribué, son courriel non plus, pas d'activité sur Facebook. Je viens d'apprendre son décès en date du 4 avril 2024 :
Dans le cadre de la campagne anti-Seznec, Michel Pierre était l'invité du journal du soir de France 3 Bretagne du 23 octobre 2024. Le but était de promouvoir la diffusion du documentaire : "La fabrique de l'histoire".
Cent ans après, une nouvelle de demande de révision du procès Seznec
Alors qu'il y a 100 ans Guillaume Seznec était jugé pour le meurtre de Pierre Quémeneur devant les assises du Finistère, l'ancien avocat de la famille Seznec demandé le 10 octobre au ministre de la Justice de saisir la Cour de révision. Les 14 précédentes demandes de révision ont été rejetées.
Le procès de Guillaume Seznec en 1924 a été biaisé, à charge, dans le but de manipuler le jury. Sans aller chercher une affaire d'Etat, la décision n'a pas été sincère car les jurés n'ont pas eu accès à tous les documents et toutes les informations.
Il existe aujourd'hui de nombreuses failles dans l'enquête de police et dans l'instruction. Pour ne citer que quelques unes :
INFO LE TELEGRAMME. L’ancien avocat de la famille Seznec, Denis Langlois, a fait parvenir une nouvelle demande de révision du procès de Guillaume Seznec au ministre de la Justice, Didier Migaud.
Le Télégramme publie un long article sur le témoignage d'Olivier Talabardon, dont le grand-père maternel était un neveu de Pierre Quéméneur.
L'article ne nous apprend rien sur pierre Quéméneur si ce n'est qu'il aurait été proche des idées du Sillon de Marc Sangnier et que le grand-père a assisté au procès. Même si Pierre Quéméneur était un sujet de conversation lors de réunions familiales, aucun membre de la famille n'a constitué un dossier sur l'affaire. Au fil du temps, les souvenirs se sont étiolés pour devenir imprécis. C'est tout ce dont il se souvient.
Ce soir, il y a un grand meeting anti-Seznec pour défendre la culpabilité avec obligation d'être dans la ligne du parti. Peut-être vont-ils exiger la tête de Guillaume Seznec ? Denis Seznec n'a pas été invité. Je pense que Denis Langlois a refusé d'apporter sa caution à ce meeting.
« Je suis historien. Quand j’ai commencé à lire cette histoire extravagante d’affaire d’État avec des achats de Cadillac partant vers l’Union Soviétique, c’était tellement gros que j’ai commencé vraiment à m’intéresser à la question. J’ai découvert que l’instruction du dossier Seznec par le juge Étienne Campion et l’enquête du commissaire Vidal ont été remarquablement menées. Quand on ose dire des choses aussi rationnelles et aussi simples, on se fait huer. Quand on ajoute que l’arrêt de la cour de cassation de 2006 prouve l’indépendance de la justice, qui ne cède ni à l’opinion publique, ni à la volonté du ministère, là encore, ça fait hurler. Mais, bon, c’est pourtant vrai ».
En effet, la demande de révision de 2006 avait envisagé l'hypothèse d'un vaste trafic de Cadillac vers la Russie des Soviets. Ce trafic aurait été lié à une affaire d'Etat. La police aurait fait accuser Seznec pour couvrir des politiciens véreux impliqués dans ce scandale. Bonny aurait tiré les ficelles.
Selon un article de Ouest-France "Annick Le Douget, comme son confrère Michel Pierre dans L’impossible innocence, Histoire de l’affaire Seznec , démontre comment « un fait divers banal est devenu une affaire emblématique de la justice française et un symbole de l’erreur judiciaire. Une thèse martelée au début des années 30 sur fond d’opposition entre régionalisme breton et jacobinisme français »
Les nombreuses expertises ont attribué à Seznec la fabrication d'une fausse promesse de vente de la propriété de Plourivo. Lui-même a reconnu que sa signature était authentique. La justice a opéré une première déduction pour Seznec d'avoir fabriqué ces promesses pour s'emparer de la propriété de Quéméneur et donc par une deuxième déduction qu'il l'avait tué.
Je viens de visualiser le documentaire "La fabrique de l'affaire anti-Seznec" qui est malhonnête, partial, lourd, excessif et finalement sans intérêt.
Le 25 mai 1923, Pierre Quéméneur et Guillaume Seznec sont partis en direction de Paris pour participer à une affaire de Cadillac avec pour client la Russie des Soviets.
Quand Michel Pierre avance que l'affaire Seznec est un petit meurtre de province, il ne prouve qu'une seule chose, c'est qu'il n'a strictement rien compris à l'affaire Seznec. Il connaît mal les faits, il n'a fait quasiment aucune recherche personnelle digne d'un historien et ses affirmations souvent non étayées relèvent de l'ingénuité. Par exemple, il nous assène qu'il n'y a jamais eu de trafic de Cadillac avec la Russie car ces derniers avaient besoin de tracteurs. L'agriculture soviétique avait besoin de tracteurs, c'est un fait. Et, alors ? Cette affirmation ne relève-t-elle pas du sophisme ?
Des pièces importantes ont été retirées du dossier d'instruction archivé à Quimper. Par qui et quand ? Je ne sais pas mais avant mars 1976. Denis Le Her-Seznec, Denis Langlois, Bernez Rouz ne connaissaient pas l'existence de ces documents. Ils n'en avaient jamais entendu parler. Inutile de demander à la fine équipe des anti-Seznec, Michel Pierre, Annick Le Douget, le réalisateur Pierre-François Lebrun et le dernier venu, Olivier Talabardon, leur point de vue sur le sujet.
Le documentaire de France 3 sur l'histoire de l'affaire Seznec ne donnera la parole qu'aux anti-seznec. Il est basé sur un essai polémique de Michel Pierre, "l'impossible innocence" ou l'impossible culpabilité qui relève plus du pamphlet militant que de l'étude sérieuse, documentée et scientifique d'un historien. Michel Pierre affirme beaucoup sans jamais démontrer. Il n'hésite pas, non plus, à inventer des faits quand cela l'arrange. Le livre comme le film n'apporte rien de nouveau sur l'affaire. Il occulte même les découvertes récentes. Cela va donc se résumer à une mascarade composée de bavardage mélangé à du radotage entendu 100 fois sur la culpabilité de Seznec et la justice qui a bien fait son travail...
Voici, la liste non exhaustive des participants au documentaire :