Le Télégramme publie un long article sur le témoignage d'Olivier Talabardon, dont le grand-père maternel était un neveu de Pierre Quéméneur.
L'article ne nous apprend rien sur pierre Quéméneur si ce n'est qu'il aurait été proche des idées du Sillon de Marc Sangnier et que le grand-père a assisté au procès. Même si Pierre Quéméneur était un sujet de conversation lors de réunions familiales, aucun membre de la famille n'a constitué un dossier sur l'affaire. Au fil du temps, les souvenirs se sont étiolés pour devenir imprécis. C'est tout ce dont il se souvient.
La campagne de calomnie des années 30 a affecté sa famille. Louis Quéméneur a gagné son procès contre le journal "La Province". Il a reçu une très grosse somme d'argent en réparation.
Ensuite, Olivier Talabardon revient sur l'affaire. J'apporte une réponse argumentée :
« Il convient de rappeler que Guillaume Seznec a été déclaré coupable non seulement du meurtre de Pierre Quéméneur, mais également de faux en écriture privée pour avoir confectionné, en double exemplaire, une fausse promesse par laquelle ce dernier était censé lui céder sa propriété forestière de Plourivo pour un prix inférieur au tiers de sa valeur réelle. L’enquête et l’instruction ont établi que ces faux ont été dactylographiés à l’aide d’une machine à écrire que plusieurs témoins ont vu Seznec acheter au Havre, le 13 juin 1923, puis rapporter à Morlaix le lendemain matin, et qui a été découverte dans une dépendance de sa scierie, lors d’une perquisition le 6 juillet suivant ».
Réponse bv : La promesse de vente a été tapée sur une machine retrouvée chez Seznec. Après plusieurs expertises, les faux ont été attribués à Seznec. Ce dernier a reconnu que sa signature était authentique.
Les deux exemplaires du document dont il est question sont une promesse de vente. Avec la disparition ou le décès de Quéméneur, la vente ne peut se réaliser. La police indique que le mobile était de s'approprier une propriété alors que le document prouve que c'est impossible. Si Seznec a fabriqué ce document, quelle est la raison ? A aucun moment, la justice n'apporte d'explication rationnelle à cette contradiction.
Marie-Jeanne puis le fils de Seznec, Petit-Guillaume ont affirmé qu'il avait vu une promesse de vente. Précédemment à celle faite par Seznec, il y aurait eu une autre promesse. Etait-elle identique à la fausse ? Aucune vérification n'a été faite.
De toute façon, la réalisation d'une fausse promesse de vente est un faux en écriture privée qui ne relève même pas d'un délit sauf si ce faux est utilisé dans le but de réaliser une escroquerie.
Puisque l'enquête n'a pas permis de lever ces contradictions, toutes les hypothèses sont permises. On peut penser que Pierre Quéméneur a perdu l'argent avancé par le couple Seznec dans l'affaire des cadillac et qui devait servir à l'achat de Plourivo.
« Pour établir, entre le 14 et le 19 juin 1923, les fausses promesses de vente et tenter d’en faire usage en plaçant un exemplaire dans la valise personnelle de Quéméneur, déposée dans la gare du Havre le 20 juin, il fallait que Seznec, d’une part, soit certain que ce dernier ne viendrait jamais contester ces actes, d’autre part, ait pu entrer en possession des effets personnels de son compagnon de voyage ».
C'est exact. Mais cela ne prouve pas que Seznec a tué.
« Il y a d’abord le faux télégramme, qu’il a adressé du Havre, le 13 juin, en contrefaisant la signature de Quéméneur, afin de rassurer les proches de ce dernier et les dissuader de poursuivre les recherches entreprises. Il y a surtout le carnet de dépenses que tenait Quéméneur et que Seznec a falsifié en le complétant pour laisser croire que l’intéressé avait pris à Dreux, le soir du 25mai, le train pour Paris ».
Le télégramme du Havre est étrange et je n'ai pas d'explication.
Le carnet ne laisse rien croire. Il indique uniquement le prix d'un billet de train à partir de Dreux. Le prix n'inclut pas une taxe locale. La police a déduit que Seznec s'était trompé sur le prix. Quéméneur aurait pu aussi se tromper sur le prix du billet en se remémorant le prix affiché sur le guide Chaix.
Effectivement, Seznec confond Houdan et Dreux. C'est assez
incompréhensible car il aurait eu largement le temps de revenir sur les
lieux pour vérifier et peaufiner ses explications. Pour un soi-disant
meurtrier de haut vol qui a été capable de tuer et faire disparaître le corps dans la nuit alors qu'il n'avait pour tout éclairage qu'une lampe à acétylène de vélo et alors qu'il ne connaissait pas la région de Houdan. La police après des semaines n'a jamais retrouvé la moindre trace. Cela pose des questions que la justice n'a pas su répondre.
« Ces fausses mentions, portées nécessairement avant le
20juin, comportent la même confusion, entre les gares de Dreux et
Houdan, que Seznec a commise quelques jours plus tard devant les
enquêteurs, lors d’un transport sur les lieux, à la suite de son
arrestation. Or, en apposant ces fausses mentions sur le carnet de
Quéméneur, pour faire croire à une séparation à Dreux (confondu avec
Houdan) dans la soirée du 25mai, Seznec a désigné a contrario la date et
le lieu approximatifs de la disparition de celui que l’on n’a jamais
revu. Cette pièce est donc capitale car elle atteste que Quéméneur est
décédé dans la nuit du 25mai et que Seznec s’est alors emparé de ses
effets personnels. Cela permet d’exclure les hypothèses selon lesquelles
la mort de Quéméneur serait le fait d’un ou plusieurs tiers ou serait
survenue ailleurs et à une autre date, par exemple à Morlaix deux jours
plus tard».
La séparation à Dreux, Houdan ou ailleurs, le 25 mai ne désigne rien et ne prouve pas que Seznec a tué. Il n'existe aucune impossibilité pour que Seznec ait bien laissé Quéméneur à Houdan et que ce dernier ait pris un train pour Paris le matin. Sur la date de la disparition de Quéméneur, le seul et unique élément dont nous disposons à ce jour est le témoignage du fils de Guillaume Seznec, Petit-Guillaume qui indique avoir vu Quéméneur probablement le dimanche 27 mai 1923 décédé dans la salle à manger des Seznec à Morlaix. Ce témoignage est confirmé par plusieurs éléments de survie (primo enquête de Poliquen, témoins de survie, témoignage du receveur Begué).
« Effectivement, les explications de l’intéressé selon lesquelles, après plus de quinze heures de voyage, Quéméneur aurait décidé de le quitter nuitamment à une cinquantaine de kilomètres de leur destination, pour poursuivre seul en train, en l’invitant à rentrer à Morlaix, étaient invraisemblables et contredites par les données objectives du dossier (absence de train à Houdan à cette heure ; la voiture, retrouvée en panne sèche au petit matin, était en état de rouler jusqu’à Paris...). D’autre part, il y a l’indifférence au sort de son « ami », dont Seznec a fait preuve au cours des semaines et mois suivants, voire son cynisme à mettre les enquêteurs au défi de lui présenter le corps du disparu. Il y a, enfin, son attitude au cours de l’instruction, ses mensonges, ses revirements, ainsi que ses tentatives de subornation de témoins et d’évasion ».
Il n'y a rien d'invraisemblable ou en contradiction avec le dossier. Le dernier train du soir Houdan-Paris était en effet déjà passé. Il n'existe aucune impossibilité pour que Pierre Quéméneur ait pris le train suivant tôt le matin. N'oublions pas qu'il avait un rendez-vous extrêmement important à Paris le samedi 26 mai vers 8h30 avec l'Américain intermédiaire dans l'affaire des Cadillac.
Il n'est pas exact d'affirmer que la voiture était en panne. Elle était sur le bord de la route nationale près de Montfort-L'Amaury.
L'attitude de Seznec n'est pas sans reproches mais cela ne prouve pas qu'il a tué.
« Au vu de l’ensemble de ces éléments, les jurés ont pu légitimement, et à une forte majorité (dix voix sur douze), acquérir l’intime conviction que Guillaume Seznec avait volontairement donné la mort à Pierre Quéméneur ».
« Sur la question de savoir si le meurtre avait été commis avec préméditation, et devait ainsi être qualifié d’assassinat, les jurés se sont partagés à égalité de voix et ce partage égal a profité à l’accusé. C’est donc au bénéfice d’un doute des jurés sur la circonstance aggravante de préméditation que Seznec a échappé à la peine capitale ».
Pour revenir au procès et la décision des jurés, il faut se poser la question de savoir si le dossier n'a pas été biaisé par la police et la justice. Les jurés ont pu être manipulés et leur décision peut ne pas être sincère. Il n'y a pas besoin de chercher une affaire d'Etat.
Il y a le témoignage troublant du fils de Guillaume Seznec qui indique que Pierre Quéméneur est décédé accidentellement à Morlaix alors que Seznec était toujours sur la route.
Il y a l'affaire des Cadillac dont le procureur Guillot a affirmé qu'elle sortait de l'imagination de Seznec. Pourtant, les archives américaines prouvent qu'il y a bien eu une affaire de Cadillac en mai 1923 avec les services secrets soviétiques de l'OGPU. Ce fait est incontestable. Michel Pierre qui est le leader des anti-Seznec a été incapable de le remettre en question si ce n'est en alléguant que les Russes avaient besoin de tracteurs.
J'ai démontré que l'Américain au nom approximatif de Sherdy qui avait rendez-vous avec Pierre Quéméneur existait bien. J'ai aussi démontré, autre fait troublant, que la police n'avait fait aucune recherche pour le retrouver.
Enfin, j'ai découvert qu'un rapport essentiel de l'enquête de police n'avait pas été versé au dossier d'instruction. Lors de la demande de révision de 2006, la Cour de Cassation avait connaissance de ce rapport mais elle est restée silencieuse.
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