dimanche 24 octobre 2021

Les 8 preuves de l’innocence de Guillaume Seznec

De la preuve de l’innocence de Guillaume Seznec et pourquoi le doute n’a pas bénéficié à l’accusé 


Cet article se veut une synthèse de mes recherches et découvertes concernant l’affaire Seznec. Avec mon livre, « Affaire Seznec : les archives du FBI ont parlé », il pourra servir de base à une éventuelle ultime demande de révision. J’ai des contacts avec Denis Seznec qui a manifesté son intérêt pour ce travail.

J’ai pensé pendant longtemps que Guillaume Seznec était coupable. Puis le doute s’est installé vers 2015 quand j’ai découvert la réalité d’un trafic de Cadillac avec la Russie des Soviets. A la même époque, Denis Langlois publiait ses révélations sur le décès accidentel de Pierre Quéméneur à Morlaix. Donc, Guillaume Seznec avait bien dit la vérité ?

Je souhaite établir la vérité sur mes recherches. Je pense être mieux placé que quiconque pour la donner sans déformation, ni caricature. Pour les détails, j’invite le lecteur éclairé à se référer à mon livre, "Affaire Seznec : les archives du FBI ont parlé".

 

1/ le trafic de Cadillac

Le terme couramment utilisé est trafic de Cadillac. En fait ce terme est inapproprié puisqu’à l’origine, il ne s’agissait que d’une petite affaire d’une dizaine de véhicules. Par commodité, j’ai conservé cette appellation.

Le trafic de Cadillac est le nœud de toute l’affaire Seznec. Soit il n’a jamais existé comme le proclame sans la moindre preuve la justice et alors la condamnation de Seznec est justifiée. Soit dans le cas contraire, si le trafic est avéré, alors toute l’accusation s’effondre emportant aussi la fabrication des fausses promesses de vente.

 

2/ L’enquête et l’absence de trafic de Cadillac

Selon le commissaire Vidal de la Sureté Générale ainsi que le juge d’instruction, Campion, l’affaire des Cadillac est une invention de Seznec. Ils n’y croient pas. Il y a pourtant plusieurs témoignages dans le dossier d’instruction comme celui du banquier saleun qui rapporte les propos de Pierre Quémeneur, ceux d’ Ackermann, de Guillaume Seznec ainsi que la primo enquête du notaire Pouliquen.

Il est vrai que jusque-là personne n’avait réussi à apporter la preuve de son existence, pas plus que son absence d’ailleurs. Le dernier en date a en faire état est le livre du diplomate et historien, Michel Pierre qui en 2019 a écrit l’Histoire de l’affaire Seznec.

Ce dernier nous rappelle des généralités sur les rapports entre la France et la jeune Russie Soviétique. Même si la France n’a pas d’accords commerciaux, d’autres pays comme le Royaume-Uni peuvent commercer. Donc Michel Pierre avance que si le gouvernement Russe voulait acheter des véhicules, il pouvait se fournir sans problème. Il ajoute : "comment peut-on imaginer qu’une quelconque autorité de Moscou se soit lancée dans des achats plus ou moins clandestins sur le sol français de véhicules issus des stocks américains alors qu’il était possible de les acheter neufs à Londres."


Cette interrogation est le fruit d’une croyance qui va s’avérer être complètement fausse. Depuis un certain temps, je connaissais la réponse, notamment suite à la lecture de l’ouvrage de Bertrand Patenaude, "Big show in Bololand". Il y avait bien eu la vente d’un lot d’une centaine de véhicules américains d’occasion dont 24 Cadillac. Elle avait été réalisée par la police Politique du régime soviétique, la Tcheka dont le chef était Dzerjinski. Vraiment, c'est une étrange coïncidence avec l’affaire Seznec car cette vente a été réalisée en mai 1923, au commencement de l'affaire Seznec.

 

3/ L’affaire de Cadillac

La question de Michel Pierre est légitime mais elle dénote une mauvaise compréhension du fonctionnement du régime soviétique à cette époque. En effet, le gouvernement soviétique pouvait acheter des véhicules neufs sauf qu’il n’y avait plus d’argent dans les caisses. Les très hauts dirigeants du régime pouvaient effectivement bénéficier de véhicules étrangers directement payés par le budget de l’État. Par contre, les dignitaires de second rang se déplaçaient comme ils pouvaient. Souvent ils n’étaient pas mieux lotis que le reste du peuple.

De 1921 à 1923, la mission humanitaire américaine à Moscou de l’ARA (American Relief Administration) avait pour interlocuteur et unique contact la Tcheka. En effet, Lénine pensait que les Américains avaient pour but secret d’espionner le régime des soviets. Ils avaient débarqué à Moscou vers septembre 1921, ils disposaient de véhicules dont plusieurs dizaines de Cadillac. Les responsables de la Tchéka qui d’un clignement d’œil pouvaient exécuter des milliers de personnes, eux se déplaçaient dans des véhicules antédiluviens rafistolés ou à bicyclettes, voire à pied. Le ministre plénipotentiaire en charge des relations avec l’ARA avait reçu pour son usage personnel une Cadillac Torpedo.

 

4/ les détails du marché des Cadillac

L’achat de 24 Cadillac par la Tcheka de Dzerjinski n’implique pas nécessairement un trafic de Cadillac en France. Pourtant, un second phénomène étrange est apparu : les détails connus par le dossier d’instruction Seznec correspondent exactement avec le marché des soviets, jusqu’à des détails improbables comme l’organisme russe en charge de l’achat ou du prix des véhicules. Tout colle exactement.

A moins de penser que nos deux marchands bretons avaient des dons divinatoires, il faut rechercher ailleurs une explication rationnelle ? Comment et par qui ont-ils été informés ?

 

5/ l’annonce

Pierre Quéméneur avait indiqué qu’il avait été mis au courant de l’affaire de Cadillac par une annonce d’un journal. Nous savons avec certitude (se référer à mon livre) que cette annonce datait du mois de février 1923, peut-être à partir de la mi-janvier. Il était absolument impossible que l’annonce ait été publiée à partir de début mars.

En faisant une recherche sur Gallica, j’ai retrouvé cette annonce. Elle correspond exactement aux détails que nous connaissons. Elle a été publiée dans le journal l’Auto des 7 et 9 février 1923. 

 

6/ leon Turrou

Donc, nous avons une affaire de Cadillac chez les soviets, des détails connus par Pierre Quéméneur et Guillaume Seznec et un lien qui est cette petite annonce.

Logiquement, cela doit nous conduire à ce fameux américain au nom approximatif de Scherdly ou Charly. Il fallait trouver un Américain qui était en poste à Moscou, qui connaissait très bien les dirigeants de la Tcheka et leurs besoins en véhicules Cadillac. Il n’y a qu’une personne possible qui est Léon Turrou. Il était traducteur pour l’ARA. Il connaissait très bien les dirigeants de la Tcheka et notamment Dzerjinski. Il parlait parfaitement plusieurs langues, l’anglais, le russe, le français. Il était d’une moralité douteuse se retrouvant impliqué dans des coups plus ou moins tordus.

Il avait des attaches à Paris ou il disposait d’un compte en banque. Après avoir quitté l’ARA à Moscou en janvier 1923, il passe son temps entre la France et la Pologne puis retourne aux Etats-Unis vers la mi-mars. Puis, il revient à nouveau en France au moment de l’affaire Seznec. Il est sur la liste des passagers du transatlantique Berengaria de Cherbourg à New York, le 7 juillet 1923. La date du voyage aller n’est pas connue avec certitude puisque la liste des passagers n’a pas été retrouvée à ce jour. Nous savons qu’il avait un rendez-vous vers la première semaine de mai. Le Berengaria a quitté New York le 15 mai 1923. Plusieurs éléments laissent à penser que Turrou était bien à bord.

Un ancien ami de Turrou a indiqué sous procès-verbal du FBI que ce dernier était venu en Europe vers 1923 pour monter une arnaque et qu’il avait dépensé l’argent aux jeux à Monte-Carlo.

Par la suite, j’ai découvert que Turrou avait été impliqué dans plusieurs escroqueries notamment une gigantesque fraude de plusieurs centaines de millions de dollars. Ce scandale a fait grand bruit aux Etats-Unis au point qu'il a provoqué une enquête parlementaire du congrès américain.

 

7/ les faux

Concernant les promesses de vente de la propriété de Plourivo, la justice a considéré qu’il s’agissait de faux documents réalisés par Guillaume Seznec. Il est vrai que les documents ont sûrement été faits par Seznec mais il n’existe aucune preuve qu’il s’agisse de faux. La vente de Plourivo était liée au marché des Cadillac et il existait bien un accord verbal ou écrit. Seznec n’aurait fait que le transcrire à la machine.

 

8/ Retour au dossier d’instruction

Ni le commissaire Vidal, ni le juge d’instruction Campion ne croyaient possible cette affaire de Cadillac. Ils auraient pourtant dû effectuer les vérifications de routine suivantes :

- Annonces de journaux du mois de février 1923

- Qui était derrière O.I.R en consultant le registre des annonces du journal L’Auto

- 6 16 26 Boulevard de Malesherbes à Paris. Par exemple, au 6 se trouvait le bureau de poste, il fallait vérifier si du courrier au nom de Sherdly ou Charly était reçu en poste Restante. De même au 26, il y avait un commerce Américain et au 27, l’association « The American Women Club » qui était une œuvre caritative venant en aide aux Américains en détresse en France. Cette association n’aurait-elle pas reçu du courrier au nom d’un américain Charly ou scherdly.

- listes de passagers des transatlantiques en provenance des Etats-Unis.

Pourtant rien n’a été vérifié, pas la moindre démarche sauf Bonny qui a trouvé un suédois du nom de Scherdlin qui disposait d’un bureau au 1 Bd Maleherbes à Paris. Cette piste a été abandonnée le jour même. Ensuite, plus rien n’a été entrepris, tout cela parce qu'un commissaire de la Sureté générale et un juge d'instruction ne croyaient pas possible une affaire de Cadillac. Ce n'est pas uniquement de l'incompétence, de la fainéantise, du manque de moyens mais juste de la bêtise ordinaire. La machine à broyer judiciaire s’est mise en place, implacable, sans manifester jamais le moindre doute.

Alors aujourd’hui, un tel fiasco judiciaire serait-il possible ?

Bien sûr, la police scientifique a fait des progrès depuis 1923. Mais finalement, la recherche de la vérité et la balance font peu de poids face aux certitudes et à l’arrogance de certains policiers et magistrats. Ces derniers devraient apprendre l’humilité surtout quand la justice est rendue au nom du peuple Français. Le mur des cons du syndicat de la magistrature est là pour nous rappeler que la justice n'est pas indépendante, elle est capable d'être influencée par de vils instincts et qu'elle peut être "trash". Pourtant, elle a des comptes à rendre au peuple, ce que certains petits juges, hommes et femmes, ont tendance à oublier.

Nous avions un soi-disant meurtre sans cadavre, sans arme du crime, sans la moindre preuve et maintenant, il n'y a même pas de mobile. L’affaire Seznec reste plus que jamais le symbole de l’erreur judiciaire ou la justice a échafaudé une hypothèse basée sur des croyances. Aujourd’hui, ou l’on parle d’intelligence artificielle, il est possible d’espérer que la justice soit rendue par des machines qui auraient au moins l’avantage de ne pas avoir de préjugés.

Vous pouvez retrouver l’intégralité de cette enquête dans la dernière version de mon livre : « Affaire Seznec : les archives du FBI ont parlé ». Cette enquête est en évolution constante et des mises à jour sont faites à chaque nouveau tirage.



Guillaume Seznec


Lire aussi d'autres articles concernant une nouvelle demande de révision de l'affaire Seznec

La préméditation n'a pas été retenue...

Révision de l'affaire Seznec : clap de fin ?

La demande de révision basée sur le moindre doute

Le Télégramme : Denis Seznec échange avec le public d'Etel sur l'Affaire et le trafic de Cadillac

Visite de Denis Le Her Seznec à Etel avec séance de dédicace le dimanche 17 avril 2022

La dernière et ultime demande de révision

Les 4 faits nouveaux

Denis Le Her Seznec

Décision concernant une nouvelle demande de révision

La culpabilité de Guillaume Seznec repose sur le sophisme du fromage à trous

Une nouvelle demande de révision de l'affaire Seznec vue par le ministre de la justice, Eric Dupond-Moretti

La faute du magistrat rapporteur Castagnède

La cour unique de révision et de réexamen sera t'elle saisie aussi dans le cas de l'affaire Seznec ?

Rencontre avec Denis Le Her Seznec et Thierry Sutter à la Trinité sur Mer

Les 8 preuves de l’innocence de Guillaume Seznec

Eléments pour une nouvelle demande en révision de l'affaire Seznec

L'inspecteur Bonny et une demande de révision

Projet concernant une possible demande auprès de la Cour unique de révision et de réexamen en 2022

Denis Seznec et une possible demande en révision



© 2021 Bertrand Vilain/MonsieurBrocanteur


 

Bertrand Vilain Affaire Seznec : les archives du FBI ont parlé

Aucun commentaire: