mercredi 23 février 2022

Turrou était-il à bord du Bérengaria le 21 mai 1923 ?

Si le nom de Turrou avait été choisi au hasard dans le bottin des abonnés au téléphone aux Etats-Unis, la question ne se poserait pas. Le transatlantique Berengaria quitte New York le 15 mai 1923 pour arriver à Cherbourg le 21 mai 1923 à 16h00. L'affaire Seznec démarre le même jour vers 20h30 par un appel téléphonique de Guillaume Seznec. Pourquoi cet appel spécialement le 21 mai à 20h30 qui est un jour férié ? Il s'est donc bien produit un évènement déclencheur ce jour-là qui entraine automatiquement d'autres événements dont le rendez-vous du samedi 26 mai entre Pierre Quéméneur et l'américain Sherdy.

Turrou en débarquant à partir de 16h00 avait-il le temps de contacter Seznec avant 20h30 ?

Selon renée Hainneville, dans les annales de Géographie n° 178 publiée en 1923 "Cherbourg Port Transatlantique", "le transbordement des passagers et de la malle dure une demi-heure et n'a jamais dépassé 2 heures". Cela laissait largement le temps de téléphoner ou d'envoyer un télégramme. Ces derniers étaient délivrés même le dimanche et fériés. Pour l'anecdote, le 29 mai 1925, 8 paquebots sont arrivés en rade de Cherbourg le même jour, le temps de déchargement a pris jusqu'à 4h00.

Turrou est revenu aux Etats-Unis en mars 1923 pour s'y installer définitivement avec sa famille. Vers fin mars, il a un rendez-vous à New-York avec son ancien employeur, l'A.R.A. pour s'expliquer sur un soupçon de fraude concernant des diamants.

Turrou écrit le 27 avril un courrier à Herbert Hoover, futur président des Etats-Unis pour solliciter un entretien. Il indique dans le courrier être disponible la première semaine de mai. Il est très incorrect de solliciter un rendez-vous avec un personnage aussi important qu'Hoover et de lui suggérer la date. Si Turrou indique être disponible la première semaine de mai, par déduction, nous savons qu'il ne sera pas disponible après cette date. Qu'a-t'il donc de si important à faire ensuite pour bousculer à ce point la bonne séance et les usages protocolaires ?

Turrou est à bord du Berengaria qui quitte Cherbourg le 7 juillet 1923. C'est un voyage personnel puisqu'il a démissionné de l'A.R.A. depuis janvier 1923. A cette époque, on ne lui connait pas d'activités professionnelles. Par contre, selon le témoignage d'un ancien ami, Davidowsky, recueilli par le FBI, Turrou est revenu en France pour monter une arnaque. Il aurait dépensé l'argent au casino à Monaco. En effet, Turrou a une addiction pour les jeux d'argent.

Enfin, il a été suggéré que Turrou serait revenu en France pour participer au banquet donné par les Russes en l'honneur de l'A.R.A. le 23 juin 1923. Selon Bertrand Patenaude, Big show in Bololand, page 706, la liste des invités à cet évènement non officiel était Haskell, Quinn, Burland, Lehrs, Telford, Morris, Holden, Brooks et Gilchriese assisté de l'éditeur du New York Times, John Finley. Le nom de Turrou n'apparaît pas dans les archives. Sa présence était hautement improbable. Des individus peu recommandables probablement des agents de la GPU voulaient récupérer les diamants que Turrou avait oublié de payer.

Turrou était-il à bord du Berengaria le 21 mai 1923 ? Nous avons de très fortes suspicions concernant sa présence à bord. La liste des passagers ayant débarqués à Cherbourg n'a pas été retrouvée à ce jour. Nous pourrons demander à la commission de révision un supplément d'enquête sur ce point. Si le commissaire Vidal avait fait correctement son travail, il aurait dû consulter cette liste. Il ne l'a pas fait. Il est très difficile de reprendre une enquête bâclée 100 ans plus tard.


extrait d'un courrier de Leon Turrou adressé à Hebert Hoover
Courrier de Turrou adressé à Hoover

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