mercredi 26 février 2025

Ein großes Problem le 26 mai au bureau de poste 3 Bd Malesherbes Paris

 

 

Avocat Philippe Lamour à droite Bonny au centre

 

Il y a un très gros problème avec la journée du 26 mai, au bureau de poste 3 boulevard Malesherbes à Paris.

Le notaire Pouliquen indique que le pli chargé avec recommandé ne pouvait être arrivé le 26 mai puisqu'il avait été expédié le jour même. Il ne nous explique pas comment le destinataire, Pierre Quéméneur, pouvait être au courant ? Pouliquen avait-il réussi à contacter son beau-frère le 26 mai pour l'avertir ? Pourtant, il écarte tardivement la date du 26 mai pour le 2 juin en invoquant cette raison.

 

Un pli chargé à hauteur de 10 000 F avec Recommandé suit une procédure particulière et rigoureuse. Le pli à son arrivée en poste restante est enregistré sur une fiche. Il est ensuite conservé dans le coffre du bureau de poste sous le regard vigilant du responsable. Le témoignage de l'agent des PTT Bégué n'est pas crédible comme le démontre l'avocat Philippe Lamour.

Les dépositions de Pouliquen et de Bégué présentent trop d' incohérences. Etant donné l'importance de ce point, le juge d'instruction avait l'obligation de demander un complément d'information et d'organiser une confrontation. Mais comme c'est à charge contre Seznec, Campion ne fera rien.

Cette incohérence dans les déclarations avait fait l'objet d'une demande de révision faite par Claude Bal en 1956. A ce jour, je n'ai pas trouvé le rapport Camard qui aborde ce point. Je serais curieux de savoir comment sont levées les incohérences. Toujours est-il que Claude Bal s'inspira de la brillante plaidoirie Lamour prononcée devant le tribunal de Rennes le 5 octobre 1932 dont voici l'extrait :

Pouliquen, qui ne dispose pas de 150.000 francs, envoie 60.000 francs. Il envoie, non par un chèque sur la Banque de France comme on le lui avait demandé tout d’abord, mais par un chèque sur la Société Générale. Me Alizon paraissait hier, à ma grande surprise, tirer argument de cette modification : avant que Quémeneur n’eut rencontré Seznec, prétendait-il, c’était sur la Banque de France que le chèque était tiré, mais après qu’il avait vu Seznec, c’était sur la Société Générale. Et il y voyait je ne sais quelle manœuvre diabolique. La Banque de France est un établissement particulièrement respectable mais où le paiement des chèques s’effectue comme partout ailleurs et notamment à la Société Générale. Je ne sache pas qu’un chèque barré – on n’envoie pas un chèque non barré, c’est une grosse faute qu’un notaire n’a pu commettre – je ne sache pas qu’un chèque barré se touche autrement à la Société Générale qu’à la Banque de France, lorsqu’on n’y est pas bénéficiaire d’un compte en banque. Il n’était pas barré, dit Me Alizon. C’était une imprudence, mais dans votre accusation-hypothèse-raisonnement, car cette accusation n’est jamais qu’une hypothèse ou un raisonnement, vous devez prétendre que Seznec savait que le chèque n’était pas barré. Et comment l’aurait-il su ? Comment eut-il pu imaginer que, par erreur ou par une négligence professionnelle grave, M. Pouliquen avait envoyé un chèque sans le barrer, à son beau-frère, M. Pierre Quémeneur, dans une poste restante de Paris ? Par conséquent, pour tout le monde, le chèque était barré et, Messieurs, le lendemain du prétendu crime, un homme qui ne pouvait être que Pierre Quémeneur se présente au bureau de poste n° 3 pour recevoir ce chèque envoyé sous lettre chargée.

Maître Alizon, je vous propose de faire une expérience. Allez dans n’importe quel bureau de poste. Demandez : Il y a-t-il une lettre chargée pour M. Alizon ? On vous répondra, avant de vous dire oui ou non : Avez-vous des pièces d’identité ?

Car c’est une règle de service que l’employé auquel on demande une lettre chargée poste restante n’a pas le droit de répondre si oui ou non il y a quelque chose, avant d’avoir pu vérifier l’identité du demandeur. Par conséquent, avant qu’on lui réponde, Pierre Quémeneur a dû fournir la preuve de son identité.

Vous nous direz qu’il n’était pas difficile à l’assassin de voler les papiers de Pierre Quémeneur. Mais alors, la grosse question est celle de la date.

Ah ! ici, nous arrivons devant une discussion bien intéressante. On vous dit : ce n’est pas le 26 mai que les faits se sont passés, c’est le 2 juin.

C’est stupide. Comment ? Le 2 juin quelqu’un se serait présenté boulevard Malesherbes, aurait demandé si un pli envoyé le 25 mai était arrivé, et l’employé lui aurait répondu, sans surprise de part et d’autre : « Non, depuis huit jours ce pli n’est pas arrivé ! »

Or, ceci se passe à 10 heures du matin. Et à 14 heures cette même personne se représente à nouveau une deuxième fois, et l’employé lui répond encore : le pli n’est pas arrivé. Et cette fois encore, ni l’employé, ni le réclamant ne sont surpris qu’un pli parti de Pont-l’Abbé le 25 mai ne soit pas arrivé le 2 juin ? Il est bien extraordinaire qu’un pli parti le 25 mai de Pont-l’Abbé ne soit pas arrivé à Paris le 2 juin. C’est même si extraordinaire que le 2 juin le pli était bel et bien arrivé depuis le 27 mai, ayant été envoyé de Pont-l’Abbé le 26 mai, avec un jour de retard.

Alors, Messieurs, pourquoi cette réponse à deux reprises ? Parce que ce n’est pas le 2 juin que cette réclamation a été faite. C’est le 26 mai. Et je m’en vais vous l’établir.

Ce n’est pas moi qui vais vous l’établir, c’est M. Pouliquen, avant réflexion. Car il y a des dépositions Pouliquen avant réflexion et des dépositions Pouliquen après réflexion. Singulière conception du témoignage, soit dit en passant.

M. Pouliquen réfléchit beaucoup trop pour un parent qui s’inquiète de la mort d’un autre parent.

En effet, dans la plainte qu’il dépose le 13 juin 1923, M. Pouliquen écrit cette phrase que je vous demande de méditer : (Cote 6). « D’après les renseignements pris à la poste même, ce chargement a bien été demandé dans la journée du 26 mai. »

D’après les renseignements pris à la poste même… M. Pouliquen ne s’engage pas au hasard. Il a pris des renseignements. Et ces renseignements sont appuyés à la cote 7 bis du dossier par le Directeur des Services des recherches de la Sûreté qui confirme que c’était bien le 26 mai, renseignements pris, que le pli a été demandé au bureau de poste n° 3. Il n’y avait donc aucun doute. C’était bien le 26 mai que quelqu’un s’était présenté pour réclamer le pli qui n’était pas là.

Mais Me Pouliquen avait peut-être eu quelques difficultés et n’avait pu envoyer son chèque en temps voulu. Peut-être des clients l’avaient-ils retenu et peut-être était-il trop tard pour envoyer le 25 mai ce que lui demandait son beau-frère. Il envoie donc le chèque en retard et celui-ci ne pouvait pas être là le 26 mai. (Cote 7 bis)

Mais Pierre Quémeneur croyait qu’il avait été envoyé en temps voulu et qu’il pouvait se présenter au bureau de poste pour le réclamer. D’où sa double visite et la réponse parfaitement exacte du 26 mai qui lui est faite. D’où aussi le fait qu’il n’insiste pas, supputant de lui-même un retard. Mais le 2 juin, il n’en est plus ainsi ! Cela ne correspond plus à rien, c’est contraire au bon sens le plus élémentaire.

Or, le 26 mai, il n’y a qu’un homme qui ait pu réclamer ce pli. Trois personnes en connaissent l’existence : Pouliquen, Seznec, Pierre Quémeneur. Ce n’est pas Pouliquen qui est allé le réclamer. Nous le croyons du moins. Ce n’est pas Seznec, puisqu’il a été établi que pendant ce temps-là il était sur la route du retour, sans qu’il y ait une faille d’une minute dans l’emploi de son temps et qu’on le suit de ville en ville et de garage en garage sur la route de Rennes à Morlaix. Si ce n’est pas Pouliquen, qui est à Pont-l’Abbé, si ce n’est pas Seznec, qui est sur la route de Rennes à Morlaix, c’est Pierre Quémeneur.

Et c’est alors que, brusquement, la thèse de l’accusation change. C’est lorsqu’on apprend que Seznec était sur la route et ne pouvait pas être à Paris que, soudain, cette date du 26 mai, si certaine, cette date, renseignements pris, devient inutilisable et est brutalement rejetée contre tout bon sens au profit du 2 juin. (Cote 51)

On interroge l’employé Bégué. Je n’en veux dire aucun mal, mais la grandeur administrative s’accompagne de quelques servitudes. On n’interroge Bégué qu’une fois, une toute petite fois. Alors qu’on a fait faire au malheureux Nouvion, qui avait commis le crime d’être en léger désaccord avec le chef de gare Piau, le voyage de Morlaix jusqu’à connaître tous les poteaux télégraphiques de la route, on interroge une fois M. Bégué, sur un fait essentiel, alors qu’il fait une déclaration invraisemblable. Que dit celui-ci ? Il convient que c’était le 2 juin, parce que sans doute on lui avait fait comprendre que c’était le 2 juin et qu’on lui a dit que ce ne pouvait être le 26 mai.

Ah ! Me Alizon, ne levez pas les bras au ciel ! Quand on ne sait pas où était Seznec ce jour-là, M. Pouliquen et la police disent : C’était le 26 mai, RENSEIGNEMENTS PRIS. Mais quand on sait que Seznec était sur la route ce jour-là, on dit : le 2 juin. Et pourquoi le 2 juin ? Nous ne sommes pas au bout du scandale.

Pourquoi pas le 3, ou le 1°, ou le 30 mai ? Pourquoi le 2 juin ? Pourquoi le 2 juin exactement ? PARCE QU’ON A APPRIS ENTRE TEMPS QU’A CETTE DATE SEZNEC ETAIT A PARIS où il était venu consulter un homme d’affaires.

Voilà un pli qui n’a pu être réclamé le 26 mai que par une personne qui ne pouvait être que Pierre Quémeneur. Trouvez-vous normal qu’on l’ait réclamé le 2 juin, sans provoquer de surprise, ni de la part du destinataire, ni de la part de l’employé ? Par une coïncidence étrange et lamentable, cette date se trouve être précisément celle où, depuis, on a appris que Seznec était venu à Paris.

C’est avec beaucoup de modération, tout à l’heure, que j’ai dit ce que je pensais, sans vouloir être outrancier, sur la façon dont a été faite cette enquête. Je m’en voudrais d’insister. Mais ce n’est pas de ma faute si les faits insistent pour moi.

C’est le 26 mai que Quémeneur est venu réclamer son argent. Et il ne l’a pas trouvé. Le lendemain, il quitte Paris. Mais auparavant, ce même jour, le 26 mai, d’autres personnes l’ont vu à Paris.

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