L'Ouest-France en collaboration avec Michel Pierre publie quasiment quotidiennement des articles cherchant à montrer la culpabilité de Guillaume Seznec. Ils n'y arriveront pas car le travail de Michel Pierre n'est pas très sérieux. L'Ouest-France a des arrière-pensées politiques. Parfois, je me demande si Michel Pierre n'a pas quelques comptes personnels à régler ? Toujours est-il qu'il connaît assez mal l'affaire Seznec. Il est capable d'inventer ou d'éliminer des faits pour aller dans le sens de sa théorie, la culpabilité à n'importe quel prix.
Par exemple, page 37 de son livre "l'impossible innocence", il écrit au sujet du coup de téléphone qui déclenche toute l'affaire, le lundi 21 mai 1923 vers 20h00, "C'est Guillaume Seznec qui annonce sa venue pour le lendemain afin de discuter d'une affaire très intéressante".
Le témoignage du notaire Pouliquen qui a assisté à la scène est rapporté par Bernez Rouz, page 80 de son livre "l'affaire Quéméneur-Seznec", "Vers 20h30, nous entendîmes appeler au téléphone; mon beau-frère s'est levé immédiatement de table pour entrer en son bureau qui n'est séparé de la salle que par un couloir. Les portes étant restées ouvertes, je perçus un échange de quelques mots, mais la conversation fut assez brève. Mon beau-frère est rentré presque aussitôt en disant que c'était Seznec de Morlaix qui l'avait appelé pour lui fixer un rendez-vous pour le lendemain matin à Brest."
Michel Pierre veut absolument que ce soit Seznec qui ait proposé cette affaire de Cadillac à Pierre Quéméneur. Cela ne lui pose aucun problème d'inventer un fait qui est que le coup de téléphone avait pour objet de proposer une affaire intéressante. Ce n'est pourtant pas le cas. La totalité de son livre est biaisée de la même façon. Il est systématiquement à charge, sans analyse. Ce n'est pas un travail honnête d'historien.
Autre exemple, pour pallier l'indigence et l'absence de fondements de l'argumentation, Michel Pierre est coutumier de l'utilisation d'effets de manche littéraires comme à la page 110, "Comment peut-on imaginer qu'une quelconque autorité de Moscou se soit lancée dans des achats sur le sol français de véhicules...". Le lecteur n'imagine rien. Il attend les preuves que Michel Pierre n'apporte pas.
Michel Pierre répète les arguments de la cour de cassation. L'inspecteur stagiaire Bonny n'a eu aucune influence dans l'enquête car il n'a signé que quelques actes. Il n'aurait été qu'un "porte-serviette". Pourtant, c'est lui qui a été chargé d'un point extrêmement important dans l'enquête et à décharge qui était de retrouver l'américain Sherdly. Il n'a rien trouvé car il ne s'est pas même donné la peine d'enquêter. Personne ne connait l'influence véritable de Bonny, ni la cour de Cassation, ni moi-même. Quand on connait la personnalité de ce policier, nous aurions aimé qu'un historien pousse les investigations plus loin qu'un simple examen comptable d'actes de procédure.
A tout cela, s'ajoutent les insuffisances de Michel Pierre sur la
Russie des soviets, l'affaire des Cadillac et l'américain Sherdly. J'en ai déjà parlé dans un précédent article : L'affaire de Cadillac vue par l'historien Michel Pierre.
En plus, Michel Pierre élimine le témoignage de petit-guillaume sous le prétexte ridicule qu'il s'agirait de processus de résilience. D'historien imaginatif, il devient psychanalyste créatif. Au moins, Denis Le Her Seznec m'avait indiqué qu'il ne croyait pas dans ce témoignage sans vouloir donner une explication plus rationnelle que ça. Son objectif était d'obtenir la réhabilitation de son grand-père en reprenant le combat de sa mère et sa grand-mère. Il n'a jamais prétendu être un historien. Un certain nombre de ses affirmations depuis les années 90 se sont révélées fausses aujourd'hui, avec le recul. Je crois qu'il en est conscient.
Ce n'est pas le cas de Michel Pierre qui a écrit son livre en 2019. Il n'a pourtant rien appris des 100 dernières années. Son entêtement et sa mauvaise foi montrent une absence totale d'esprit critique. Je trouve un peu déplacé la multitude d'articles de l'Ouest-France dont la complaisance frise un peu le ridicule.
Enfin, pour terminer sur les 100 ans de l'affaire Seznec, je pensais trouver quelques articles de fond pour débattre. Mais rien, la presse a repris le médiocre article de l'AFP signé Antoine Agasse. Manifestement, ce journaliste connaît mal l'affaire. Le plus inquiétant est que Le Télégramme a repris intégralement ce communiqué alors qu'ils ont en interne des journalistes compétents qui suivent cette affaire depuis des décennies. C'est la fin d'une époque et du journalisme. Denis Le Her Seznec n'a même pas été invité à s'exprimer.
En ce qui me concerne, je vais clôturer mon dossier sur l'affaire Seznec. Je ne vois pas qui, dans l'avenir, en France à la capacité de produire quelque chose digne d'intérêt sur cette affaire, si ce n'est d'entendre la répétition sans fin des mêmes âneries.
Je pense que l'on trouvera dans les archives Russes du Ministère des affaires intérieures (MVD) et de la Sécurité (FSB) ou du Narkomindel des traces de cette affaire de Cadillac et qui était le contact de Leon Turrou. J'ai bien ma petite idée en la personne d'un agent du Narkomindel mais l'accès à ces archives n'est pas à la portée du chercheur moyen. Peut-être un jour, qui sait ? si l'affaire Seznec n'est pas complètement tombée dans l'oubli.
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