samedi 27 mai 2023

Le centenaire de l'affaire Seznec : bilan d'un non-évênement

 

 Affaire Seznec : Les archives du FBI ont parlé, dernière version mise à jour en 2023

Pour le centenaire, il y a eu un petit coup de chaud médiatique sur l'affaire Seznec avant que tout ne retombe aussi vite. Cela ne m'a pas beaucoup intéressé sur le fond car je savais à quoi m'attendre.

Il y a plusieurs semaines, Denis Le Her Seznec m'a contacté pour avoir mon avis sur le communiqué de presse demandé par l'AFP. Je lui ai fait remarquer que refaire tout l'historique de l'affaire n'était pas très opportun. Il valait mieux axer son texte sur l'après 2006. Pour ceux qui le connaissent un peu, il est bien rare que Denis tienne compte d'un avis.

Ensuite, il y a eu une campagne de l'Ouest-France ignorant totalement Denis Le Her Seznec et faisant la promotion de Michel Pierre et de son ouvrage "L'impossible innocence". En dehors d'erreurs factuelles et d'une absence totale d'analyse critique, Michel Pierre revient au procès de 1924 indiquant que tout est parfait, qu'il n'y a aucun problème, ni avec l'enquête, ni avec la justice.Tout ce qui a été découvert depuis n'existe pas. Tout est de la faute aux médias. Je connais Michel depuis des années. Il m'a contacté plusieurs fois par mail pour me partager son courroux suite à plusieurs articles sur ce blog. Ne voulant pas me fâcher éternellement avec lui, j'ai adouci quelques remarques. Mais sur le fond, son livre ne mérite pas que l'on s'y attarde car ses propos ne sont pas étayés historiquement et scientifiquement. Ils sont très facilement démontables. Je lui ai quand même exprimé le fond de ma pensée : "Michel, comment quelqu'un d'aussi intelligent que toi, peut écrire autant d'âneries ?". Il n'a pas su répondre et cela restera le plus grand mystère de ce centenaire.

Etant au large, en mer, sur mon voilier, j'ai suivi tout cela d'assez loin. Le Télégramme m'a contacté mais j'ai bien senti que la foi n'y était plus et qu'ils n'avaient rien prévu de très pertinent si ce n'est de reprendre une dépêche AFP. A mon retour au port, j'ai fait un tour rapide de la presse. A part, peut-être, un article du Figaro, il n'y avait rien que de vieilles hypothèses réchauffées copiées par les uns et les autres.

Quand Denis et moi, avons vu Maître Jean-Yves Le Borgne pour une éventuelle nouvelle demande de réhabilitation, il y a quelques semaines, l'avocat nous a répété : "Il faut prouver que Seznec n'a pas tué". Une demande basée uniquement sur la découverte du colonel Turrou a peu de chance d'aboutir. Il faut donc y ajouter aussi le témoignage de petit-guillaume. C'est l'objet de mon livre. Les deux s'imbriquent parfaitement et donnent une explication logique et rationnelle. Le témoignage de petit-guillaume est fragile et n'a pas été corroboré par des éléments matériels lors de fouilles en 2018. Denis n'y a jamais cru et le rejette absolument. Maître Le Borgne m'a félicité pour la qualité de mon travail mais il ne peut engager une procédure sur une seule patte qui irait probablement vers un nouvel échec. Bien sûr, c'est un peu décevant puisque la réhabilitation aurait pu s'appuyer sur de nombreux éléments très solides. C'est le choix de Denis de ne pas faire cette ultime demande. Il a aussi d'autres raisons plus personnelles.

En conclusion, l'affaire Seznec va rester en l'état, inaboutie sur le plan judiciaire. Tous les gens honnêtes qui connaissent l'affaire arrivent à la même conclusion que Seznec a été condamné pour meurtre sans la moindre preuve. Le témoignage de petit-guillaume et l'implication du Colonel Turrou donnent en 2023 une explication autrement sérieuse et convaincante de l'affaire que la construction intellectuelle hasardeuse du procureur général Guillot de 1924 reprise par Michel Pierre en 2019. Contrairement aux autres démocraties, la justice française refuse avec entêtement de reconnaitre ses erreurs. C'est pas très grave, fort heureusement, la plupart d'entre-nous n'aurons jamais à faire face à la justice pénale française. Pour les autres, cela peut être plus ennuyeux surtout s'ils ne peuvent prouver leur innocence.

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