lundi 15 mai 2023

Encore les 100 ans de l'affaire Seznec

 


 

Je lisais rapidement un article récent de blog reprenant une hypothèse un peu vieillotte. Cela concernait la façon dont Pierre Quéméneur aurait été tué. Le corps aurait disparu à tout jamais dans les étangs sans fond d'au moins 20 cm de profondeur en été de la région de Gambais. Je crois que dans la brocante des livres sur l'affaire Seznec, Yves-Frédéric Jaffré l'évoquait plus ou moins en 1956. Avant cela des articles de journaux mentionnait les brochets géants capables d'avaler un être humain et les boues grignoteuses dissolvant les cadavres.

Cette hypothèse sans vraiment d'intérêt ne repose sur aucun élément si ce n'est que le cric de la Cadillac n'a pas été retrouvé. Tout le reste n'est qu'une chaîne de suppositions qui relève du roman. Il y a même des éléments dans le dossier d'instruction qui démontrent que cette hypothèse est peu crédible et qu'elle aurait été difficile à mettre en oeuvre sans une préparation préalable et une reconnaissance des lieux. Par exemple, pour se débarrasser d'un cadavre de 60 kg au milieu d'un étang, la nuit, il faut bien connaitre la région, trouver l'étang assez profond et procéder à un sondage, disposer d'une embarcation et de l'outillage nécessaire, être sûr que le lest est suffisant pour que le cadavre en décomposition ne remonte pas. Tout cela avec un véhicule dont l'éclairage est défaillant avec un pneu à plat et dans un temps très minuté. Je n'ose imaginer le sang froid du meurtrier dans l'improvisation. La comparaison avec Landru est mal venue puisque ce dernier avait eu le temps de découper et brûler tranquillement le corps de ses victimes.  De plus, la police a mis en place des moyens considérables sans trouver le moindre indice.

Pour revenir aux choses plus sérieuses, Guillaume Seznec a été condamné en 1924 au bagne par la cour d'Assises de Quimper . Nous pouvions espérer que la justice ait rassemblé un minimum d'indices, de pièces à conviction pour nous expliquer ce qu'il s'était passé. Et bien non, 100 ans après, il n'y a rien, toujours rien, désespérément rien. Personne n'est capable d'expliquer comment Seznec a tué Pierre Quéméneur, ni même s'il a tué. Comment s'est-il débarrassé du corps ?

Michel Pierre, historien, s'est appuyé sur les travaux d'un blog pas très sérieux mentionné ci-dessus pour écrire son livre "L'impossible innocence". Même si l'intérêt pour cette vieille affaire est retombé, j'ose espérer qu'il y ait des articles de journaux un peu plus argumentés que l'Ouest-France pour les 100 ans du début de cette affaire.

Quand j'ai écrit mon livre, "affaire Seznec : les archives du FBI ont parlé", j'ai travaillé sur des archives de première main, jamais exploitées, en langue anglaise et russe. Il existe de nombreuses archives gouvernementales ou universitaires disponibles en ligne. Mais pour aller plus loin, il faut consulter les archives sur site. Même si un gros effort a été accompli ces dernières années, il est très probable que 98 % des archives ne sont pas scannées. 

Voici par exemple un document jamais publié à ce jour sur le bertillonnage dans l'affaire Seznec. Il ne provient pas du dossier d'instruction.

 

affaire seznec bertillonnage empreintes digitales

Test de la main gauche de Seznec réalisé le 30 juin 1923 sur papier libre par l'agent des sommiers judiciaires, M Colombo (ne pas confondre avec l'inspecteur de Los Angeles Police Department).

 

Bertrand Vilain 

 

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