Les 3 annonces

 Au départ, nous avons 3 annonces qui pourraient correspondre à celles vues dans un journal par Quéméneur. Pour compléter le blog de Claudine, une seule des trois passe le contrôle historique.

L'annonce Bollon 22 novembre 1922

Le 22 novembre 1922, Quéméneur n'est pas propriétaire de la Cadillac. Il doit attendre jusque vers fin janvier 1923. De plus, Bollon a indiqué ne pas avoir été en contact avec Quéméneur ou Seznec. Bollon n'est pas américain. Cette annonce ne correspond pas.

L'annonce Fradiss 22 mars 1923

Cette annonce ne peut pas être la bonne non plus car elle est publiée le 22 mars 1923. Nous savons avec certitude que Quéméneur commence à chercher des Cadillac le 9 mars 1923 (lettre saisie lors de la perquisition à Ker Abri adressée au garage "Cadillac Station", dossier d'instruction). Il ne peut chercher des Cadillac le 9 mars pour une affaire qui n'existerait pas encore. De plus, Fradiss n'est pas Américain.

L'annonce O.I.R. 7 et 9 février 1923

Il a quelques annonces publiées dans divers journaux mais aucune ne correspond. Il y a toujours un détail qui pose problème. La seule annonce qui passe avec succès toutes les épreuves est l'annonce O.I.R. La date et la description correspondent. Il n'y en a pas d'autres sur la période de janvier au 8 mars 1923. Le sigle O.I.R. n'a pas d'existence juridique. Il n'y a pas d'adresse. Il s'agit d'une annonce rendue volontairement  anonyme. 

Le chiffre de 10 Cadillac torpedos de cette annonce correspond exactement au chiffre communiqué par Quéméneur à son banquier Saleün. Ce dernier interrogé sous procès-verbal le 28 juin 1923 indique : "Je [Quéméneur] dois acheter au comptant ces voitures pour les rassembler dans un garage pour les livrer ensuite dans un autre garage par série de 10 où elles me seront payées comptant immédiatement. Ces transactions doivent rapporter deux peut-être trois fois le montant versé". L'avance de trésorerie de 100 000 FF demandée par le négociant de Landerneau confirme bien que l'affaire porte sur 10 véhicules. Il était prévu de renouveler l'affaire plusieurs fois par la suite. 

En 1923, pour acheter ou vendre une automobile, le quotidien de référence, qui publie le plus d'annonces est le journal L'Auto. Il était notamment très suivi par les professionnels, garages, concessionnaires, négociants, marchands de pièces détachées dans toute la France. Bollon y poste régulièrement des annonces. Quéméneur agit comme un négociant dans cette affaire de Cadillac vers la Russie donc son premier réflexe ne peut être que de consulter ce journal disponible chez tous les marchands de journaux ou auprès d'un professionnel de l'automobile.

Il existe aussi des annonces Automobile dans la presse quotidienne mais rien de comparable avec L'Auto.

A cette époque, il existe aussi plusieurs mensuels spécialisés comme Omnia ou La Vie de l'Automobile mais ils n'ont de rubrique Petites Annonces. DAS, La Défense Automobile et Sportive géré par une compagnie d'assurance a une page d'annonces essentiellement pour des véhicules français. Il est disponible par souscription comme les revues de L'Automobile-Club.