Interrogé sous procès-verbal le 28 juin 1923 sur demande du commissaire Vidal, le chargé de clientèle Saleün dit que "Je [Quéméneur] dois acheter au comptant ces voitures pour les rassembler dans un garage pour les livrer ensuite dans un autre garage par série de 10 où elles me seront payées comptant immédiatement. Ces transactions doivent rapporter deux peut-être trois fois le montant versé". Ce chiffre de deux ou trois fois le montant versé passe-t'il le contrôle historique ? Est-ce crédible ?
Si l'on consulte les petites annonces du journal L'Auto, le prix d'une Cadillac torpédo d'occasion en France est variable entre 10 000 et 18 000 F selon l'état. Un véhicule vendu par un professionnel est bien sûr plus cher mais il est supposé bénéficier d'une révision et d'une garantie. Ce n'est pas ce que recherche Quéméneur.
Le prix d'achat par l'intermédiaire Charly est uniforme de 30 000 F. Donc, un rapport de 2 semble crédible avec un prix d'achat de 15 000 F incluant la commission de 2000 F. Un rapport de 3 va être plus difficile à atteindre.
Qu'elle est la valeur de revente d'une Cadillac torpedo en Russie en 1923 ? nous connaissons la réponse suite à la découverte d'une archive dans le fonds Hoover reproduite dans mon livre Affaire seznec : Les archives du FBI ont parlé. Le prix unitaire est de $ 2 500 soit 42 500 F.
Le prix de rachat uniforme de 30 000 F par Cadillac avec un profit de 15 000 F correspond bien à la réalité. Une affaire de 10 véhicules donnerait un profit de 150 000 F, ce qui est une belle somme à l'époque. C'est environ l'équivalent de 160 000 € d'aujourd'hui (selon Insee). On comprend mieux l'excitation de Quéméneur.
L'affaire de Cadillac décrite par Quéméneur colle parfaitement à la réalité historique et cela dans les moindres détails. C'est assez étrange pour une affaire qui selon la justice, est née dans l'imagination de Seznec.
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