"Si Staline avait été exécuté comme Robespierre, la révolution d'Octobre en 1917 serait devenue une révolution bourgeoise comme la Révolution française. Staline, devenu le leader tout-puissant de l'URSS met fin à la NEP par un décret du 6 janvier 1930 qui conduit à un système de terreur, politique, économique et policière faisant plus de 40 millions de morts."
Konstantin Rudakov (1891-1949) NEP 1927
Michel Pierre, "L'impossible innocence" page 110 : "Il
n’y avait donc aucune difficulté pour le gouvernement soviétique à
acheter des biens d’équipement par le truchement de plusieurs pays
occidentaux, y compris quelques automobiles neuves pour les dirigeants
du régime. Comment peut-on imaginer qu’une quelconque autorité de Moscou
se soit lancée dans des achats plus ou moins clandestins sur le sol
français de véhicules issus des stocks américains alors qu’il était
possible de les acheter neufs à Londres ? De plus, comment imaginer que,
pour ce faire, une quelconque officine se soit adressée à un conseiller
général des Côtes-du-Nord et à un maître de scierie de Morlaix ?"
La NEP, c'est-à-dire l'économie de marché consistait à légaliser le marché noir pour les produits agricoles, alimentaires et produits de l'artisanat, cuir, peaux, vêtements...
A partir de fin 1921, Moscou se transforme en une ville à l'occidentale avec cafés, restaurants, salles de spectacle et commerces où il est possible de tout acheter en abondance en y mettant le prix, des produits de première nécessité aux produits de luxe. Dans les mois suivants, la NEP est étendue à l'ensemble de l'économie, aux services, à l'industrie, et même aux cliniques privées.
A cette époque, la Russie manque de tout. La plus grande difficulté n'est pas de vendre mais de trouver les produits.
Tous ceux qui le peuvent essayent de gagner de l'argent. Bien entendu, la corruption se développe au même rythme. Par exemple, le matériel d'une entreprise publique de transport fluvial avait été vendu à un particulier pour une bouchée de pain. Il faut quand même souligner que ce matériel avait été précédemment confisqué par l'Etat, sans verser la moindre indemnité à son légitime propriétaire "bourgeois". Cet achat avait été financé par un prêt public. Après enquête, il s'est avéré que les vendeurs publics et les acheteurs privés étaient en réalité les mêmes personnes.
D'après un autre rapport du Commissariat aux transports, j'ai retrouvé la trace d'un vaste trafic qui aurait porté sur plus de 1600 véhicules dont 1200 automobiles de tourisme. Il faut se remettre dans le contexte de l'époque, de nombreux entrepreneurs privés (commerçants, industriels, banquiers...) ont gagné très rapidement des fortunes. Ils ont besoin de véhicules pour leur activité et aussi leurs déplacements privés. Le moindre véhicule disponible à Moscou se vend immédiatement pour au moins 10 000 roubles.
Des véhicules qui "appartenaient" à l'Etat d'une valeur de 10 000 roubles ont été vendus comme véhicules non-roulants pour 500 roubles à des intermédiaires privés. Ces derniers les ont revendus après quelques travaux au prix du marché, soit 10 000 roubles. Le profit net par véhicule est de 9 000 roubles. Appartenait est mis entre parenthèses sachant que les véhicules avaient souvent été spoliés. Les propriétaires légitimes ayant été exécutés, envoyés dans des camps ou contraints à partir.
La valeur du rouble chervonet or est de 2.2 pour $ 1. Cette valeur est arbitraire car elle n'est pas basée sur le marché monétaire. Pour information 10 000 roubles représentent 76 500 F. La Cadillac de Seznec valait 15 000 F. Quéméneur espérait réaliser une marge de x2 ou x3.
Dans ce cas, pourquoi ne pas importer des véhicules neufs ? Le gouvernement des soviets limite les importations de véhicules neufs car ces véhicules doivent être payés comptant et en or. Il est aussi possible que les véhicules importés directement par l'Etat faisaient l'objet de sabotage et de trafics pour être revendus sur le marché privé. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'en 1923, des affairistes cherchent à se procurer des véhicules d'occasion en France, en Allemagne, au Royaume-Uni ou en Italie.
Quant au travail peu sérieux de l'historien Michel Pierre sur les fameuses "autorités de Moscou", ses tracteurs et tout le reste, il vaut mieux en sourire. Que reste-t-il de son argumentation sur la culpabilité de Guillaume Seznec ? Et bien, pas grand chose !
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