vendredi 13 décembre 2024

Commentaires sur l'article Ouest-France et la conférence d'Annick Le Douget

 


Ergué-Gabéric. Conférence : l’affaire Seznec n’existe pas

Samedi 14 décembre 2024, à Ergué-Gabéric (Finistère), Annick Le Douget, ancienne greffière, invitée d’Arkae, démontrera, lors de sa conférence, en quoi il n’y a pas d’affaire Seznec.

Annick Le Douget, ancienne greffière, donnera une conférence sur l’affaire Seznec, samedi 14 décembre, à Ergué-Gabéric (Finistère).


Comment déroulez-vous votre conférence ?

Je vais m’adresser à la sagesse des gens. L’essentiel est de revenir au dossier, rien de plus. Les faits sont têtus. Lors de cette conférence, je m’appuierai sur des illustrations vidéo très intéressantes et pas connues. Je me suis intéressée à Guillaume Seznec à partir de 1997. À l’époque, greffière au tribunal de Quimper, j’avais été diligentée pour retrouver les procès-verbaux que demandait la chancellerie. Depuis 1977, le petit-fils Seznec occupait l’espace médiatique et commençait à faire des révélations à tout va. Ça fait plus de 20 ans que j’étudie ce dossier.

Pourquoi le cas Guillaume Seznec était-il à part ?

L’arrêté a été rendu en 1924. 100 ans après on en parle encore, et c’est devenu l’affaire Seznec. Pour le petit-fils Seznec, il était vital de rétablir la moralité de son grand-père, d’en faire un innocent. Il portait ce poids. C’était une question d’honneur. Il a entamé une croisade médiatique et a conquis un grand nombre d’adeptes. À force d’asséner ses propres vérités, il a entraîné dans son sillage l’opinion publique qui n’avait pas matière à le contredire. Les gens suivaient celui qui parlait fort. D’autant plus qu’à l’époque, la chancellerie estimait qu’il ne fallait pas parler à la presse, contrairement à aujourd’hui, où les procureurs viennent faire des conférences à la télévision pour expliquer fidèlement les faits.

À partir de quand parle-t-on d’une « Affaire Seznec » ?

Cette affaire avec un grand A est celle du juge Hervé et du journal La Province, qui ont créé le mythe de l’affaire judiciaire. On est en 1931-1932, sept ans après le jugement. Le juge et un journaliste se lancent dans une campagne qui durera deux ans mais qui suffira à faire de l’Affaire Seznec le symbole de l’erreur judiciaire. Ils inventent un scénario sans aucune preuve. Et l’écrivent dans ce journal jusqu’à ce que l’opinion publique soit convaincue. Et 100 ans après, il faut affronter les convictions et je dirais même les croyances ou les théories complotistes qui se manifestent toujours. Je les affronte lors de conférences comme celle-ci, ou en rédigeant mes livres, mais c’est compliqué d’aller contre l’opinion publique. Encore aujourd’hui, des gens font des kilomètres pour me dire telle ou telle chose sur l’Affaire Seznec, persuadés de savoir. Les bras m’en tombent !

 

Commentaires de Bertrand Vilain :

Annick Le Douget commet plusieurs erreurs de raisonnement. Ses postulats sont faux. Elle refuse d'ouvrir les yeux, aveuglée par ses nombreuses certitudes :

1er faux postulat : la vérité est dans le dossier

Elle demande de revenir au dossier d'instruction. Le dossier de 1923-1924 est clair. Il n'y a aucune preuve directe que Seznec a tué Quéméneur. Il n'existe que des preuves dites circonstancielles ou indirectes comme par exemple la taille d'une boite en carton ou les faux. La justice a déduit la culpabilité de Seznec pour meurtre car elle pense qu'il a fabriqué des faux documents. Ces derniers impliqueraient obligatoirement le meurtre. La justice de l'époque n'avait pas de meilleure explication à fournir. Les jurés peu regardants s'en sont contentés. Nous avons le droit objectivement d'étudier ce qui avec un peu de recul ne relève que d'une hypothèse possible ou envisageable mais c'est insuffisant pour condamner pour à la possible guillotine. Il faut quand même un minimum de preuves matérielles, directes, de témoins du crime, d'aveux. de cohérence dans les faits. La justice n'a rien fourni de tout cela et Annick Le Douget n'apporte rien de plus. 

2nd faux postulat : l'affaire Seznec est la faute de la presse

Le second faux postulat consiste à dire que l'affaire Seznec a été créée à partir du vide par une campagne de presse. Puisque le juge Hervé ou Denis Seznec se sont trompés, c'est bien que Seznec est coupable. Le juge Hervé a échafaudé une hypothèse extravagante qui accusait sans preuve le notaire Pouliquen et Louis Quéméneur. Il a été condamné pour diffamation sur ce point. Pour le reste, la plaidoirie de l'avocat de Maurice Privat, Philippe Lamour, soulève de nombreuses questions toujours d'actualité. Il semble qu'Annick Le Douget n'en a jamais entendu parler comme tous les éléments à décharge.

Concernant Denis Seznec, des points soulevés dans les médias, dans son livre ou lors de demandes de révision se sont avérés sans fondement ou mal argumentés. En 2006, la Cour de cassation n'a pas rejugé le procès Seznec mais uniquement les éléments nouveaux apportés. Ces éléments n'ont pas permis d'obtenir la révision. Cela ne règle pas les manques du procès de 1924 et les nombreux problèmes soulevés par le juge Hervé, Philippe Lamour, Denis Seznec, par Denis Langlois et enfin tout dernièrement par la découverte de l'Américain "Sherdy" et l'affaire de Cadillac.

Avant d'affirmer que l'affaire Seznec est close sur le plan judiciaire, attendons de savoir si une nouvelle demande de révision ne sera pas déposée dans un avenir proche.  Cette demande n'est pas basée sur des preuves circonstancielles mais des preuves directes, irréfutables, impossibles à contester.

Enfin, Annick Le Douget est dans le déni. Elle a une démarche intellectuelle surprenante qui consiste à écarter tout ce qui ne va pas dans son sens. Elle prend ou laisse, à sa guise mais uniquement ce qui est à charge. Elle n'argumente pas, ne réfute pas, n'objecte pas. Elle insulte juste et accuse ses détracteurs de complotisme voire de dérives fascistes (Selon un précédent article de Ouest-France où le journal "La Province" devient un journal fasciste. Les partisans de l'innocence sont forcément un peu fasciste). C'est généralement un marquage politique d'une certaine radicalité bornée. Elle reprend à son compte les délires du réalisateur du documentaire de France 3 sur l'affaire Seznec, Pierre-François Lebrun. N'affirme-t-il pas sur France Bleu que "l'affaire Seznec c'est comme Trump" ? C'est vrai, pourquoi faire l'effort de la réflexion quand il est si facile d'étaler sa bêtise. Qui sont les complotistes parmi les anti-Seznec ?

Depuis plusieurs semaines, nous assistons à une mini-campagne de presse anti-Seznec, notamment Ouest-France, qui est du même niveau que celle du journal "La Province". Il n'en restera rien comme le livre de Michel Pierre, "L'impossible innocence" que l'on cite mais uniquement à cause des nombreuses erreurs et des fake news qu'il contient. Mon argumentation a pour but de faire reculer les mensonges et les erreurs reprises en boucle.

Aucun commentaire: