Contrairement à l'affaire Mis et Thiennot, pourquoi il n'y aura pas de révision de l'affaire Seznec ?

L'autre cas emblématique de l'erreur judiciaire est l'affaire Mis et Thiennot. Des aveux avaient été obtenus sous la torture. La cour de révision est actuellement saisie. Nous espérons que l'issue sera favorable.

Concernant l'affaire Seznec, pour ne pas laisser prospérer sur internet, les délires quotidiens et rébarbatifs de la blogueuse Liliane Langellier, il est nécessaire d'expliquer à nouveau la situation et pourquoi, il n'y aura pas de nouvelle demande de révision. 

Denis Le Her Seznec et moi-même avons rencontré le grand avocat pénaliste, Jean-Yves Le Borgne dans ses bureaux parisiens, début 2023. Il nous a expliqué que pour obtenir la révision du procès de 1924, il faut prouver que Guillaume Seznec n'a pas tué. Cela peut sembler absurde dans la mesure où la justice n'a jamais été capable de prouver qu'il avait tué. Encore aujourd'hui, personne n'est capable de prouver que Seznec a tué. 

 

Maître Jean-Yves Le Borgne

 

Depuis 2015, il y a eu deux faits majeurs qui ont bouleversé notre compréhension de l'affaire Seznec. Le premier est la révélation par l'avocat Denis Langlois du témoignage du fils de Seznec qui a vu Pierre Quéméneur, étendu sans vie sur le sol de la salle à manger à Morlaix. La date serait le dimanche 27 mai. Ce témoignage a été confirmé par les enfants de Petit-Guillaume, Jean-Yves et Gabriel devant les caméras de France 2 lors d'un documentaire réalisé par Anne-Sophie Martin.

En 2020, j'ai publié un ouvrage, régulièrement mis à jour jusqu'en 2023 dans lequel je faisais une révélation importante qui était la découverte qu'il y avait bien eu une affaire de Cadillac vers la Russie des Soviets. L'instigateur de cette affaire, l'américain Charly ou Scherdy s'appelait en réalité Léon Turrou. C'est un ancien membre de l'A.R.A. qui avait été en poste à Moscou de 1921 à 1923 et aussi ancien agent du FBI.

La découverte de Léon Turrou permet d'expliquer toute l'affaire Seznec et pourquoi Pierre Quéméneur était revenu en urgence à Morlaix.

Suite à la publication de mon livre, Denis Le Her Seznec m'a contacté pour éventuellement déposer une ultime demande de révision.

Nous étions dans le bureau de l'avocat Jean-Yves Le Borgne. Il avait lu mon livre et il l'avait annoté. Il m'a dit que l'implication du colonel Turrou dans l'affaire Seznec ne prouvait pas que Seznec n'avait pas tué. Il fallait donc faire une demande basée sur le témoignage de Petit-Guillaume et Turrou. C'était la seule chance de succès. J'ai vu le visage de Denis se renfrogner. Il m'avait déjà expliqué qu'il ne voulait pas entendre parler du témoignage de Petit-Guillaume. Il n'y croyait pas. Cela ne correspond pas à sa vision de l'affaire.

Denis Le Her Seznec a donc abandonné le projet d'une demande de révision même si cette dernière avait des chances d'aboutir. Il envisage d'écrire un nouveau livre...pour l'histoire. 

Il faut comprendre qu'il y a une vérité judiciaire. Guillaume Seznec a été condamné. Il est donc coupable pour l'éternité. On ne revient pas sur la chose jugée. Il y a la vérité historique. Seznec a été condamné sans la moindre preuve sur une construction intellectuelle hasardeuse. Aucun historien ou chercheur sérieux ne peut se contenter d'affirmations non vérifiées. La justice, elle s'en satisfait, c'est ce que l'on appelle l'intime conviction qui n'est ni plus ni moins qu'une opinion, une croyance. A titre personnel, je n'ai pas de croyance, ni d'opinion sur l'affaire Seznec. Je n'ai qu'un raisonnement froid qui m'a amené à l'obligation de reconnaitre l'innocence de Guillaume Seznec.