mercredi 22 janvier 2025

L'historien Michel Pierre capitule en rase campagne devant les statistiques soviétiques officielles

Michel Pierre, écrit dans son ouvrage, page 231 "Affaire Seznec : L'impossible innocence"  :

"Tous les détails de la Nouvelle économie politique, la NEP, proclamée le 12 mars 1921 par Lénine, sont avérés ainsi que les chiffres et tous les courants d’échanges qui ont fait l’objet de nombreuses publications. Nous connaissons en millions de roubles les chiffres d’importations totales d’automobiles par l’URSS en provenance d’Allemagne, de Grande-Bretagne et des États-Unis : ceux-ci passent d’un total de 7 millions de roubles pour l’année 1921- 1922 à près de 12 millions en 1922-19231. Pourquoi donc acheter en France en général et en Bretagne en particulier des véhicules d’occasion vieux de plusieurs années ?"

Michel Pierre se réfère à un document disponible librement sur internet signé Beitel Wernet et J. Nötzold, "les relations économiques entre l'Allemagne et l'Urss au cours de la période 1918-1932" publié dans la revue d'études comparatives Est-Ouest.

Les statistiques sur les importations d'automobiles sont de sources soviétiques compilées par S.N. Bakulin, D.D. Misustin. Ces statistiques ont été publiées en 1939 dans un ouvrage en russe non traduit : "Le commerce extérieur de l'U.R.S.S. au cours des 20 années 1918-1937".

Je me suis procuré une version originale de cet excellent ouvrage dont voici ci-dessous une copie de la page 214 sur l'automobile :


Importation d'automobiles par pays de 1913 à 1936. Chaque ligne représente un pays par année avec la colonne de gauche, le nombre de véhicules et la colonne de droite, les montants en roubles or :

1 Autriche                     

2 Angleterre             

3 Allemagne            

4 Italie                        

5 USA                       

6 France                        

7 Tchécoslovaquie

       

La Russie n'a importé aucun véhicule de France entre 1918 et 1924. Analysons un instant ces statistiques. La France est en conflit avec la Russie à cause de la dette et des emprunts russes que le nouveau gouvernement bolchevique refuse de rembourser. La France cherche à bloquer les avoirs russes à l'étranger. En signe de représailles, la Russie refuse d'acheter des marchandises venant de France d'où les statistiques à zéro de 1918-1924. Les choses changent à partir de 1924 avec la signature d'un accord commercial.

Pourtant, la Russie a acheté vers 1920, 10 véhicules de luxe d'une marque française. A la même époque, l'armée rouge a renouvelé une partie de sa flotte de camions de transport en achetant du matériel français. Il existe un parc automobile important de marques françaises, la Russie a un besoin urgent de pièces détachées. La Russie dispose aussi de nombreux véhicules utilitaires américains. La France est une source d'approvisionnement importante pour les pièces détachées.

Les véhicules neufs à destination de l'armée rouge ont été achetés par la société d'achat Arcoss basée à Londres puis réexporter vers la Russie. Ils sont dans les statistiques de l'Angleterre. Pour les véhicules d'occasion et les pièces, la Russie utilise régulièrement des intermédiaires, hommes d'affaires de diverses nationalités (Finlandais, Allemands, Anglais...) qui disposent de représentations consulaires. Par exemple, si le bureau d'achat de l'armée rouge a besoin de pièces détachées d'occasion pour des camions américains de la marque "White", il peut s'adresser directement au fabricant aux Etats-Unis via l'Arcoss ou passer commande auprès d'intermédiaires. A partir du moment ou les produits ne viennent pas directement de France, le commissariat au commerce extérieur délivre les licences d'importation surtout si la demande est appuyée par l'armée rouge.

Si Michel Pierre avait fait son travail d'historien, il comprendrait les rouages et les mécanismes d'importation des différentes "autorités Russes" dans les années 1918-1924. Il pourrait répondre à ses propres interrogations.

 

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