Le 7 mars 1939, Leon Turrou fait une conférence radiophonique sur la station KRKD basée à Los Angeles Californie. Il se livre à quelques confidences sur son passé. Il raconte : "En 1923, je suis retourné aux Etats-Unis. A ce moment là, j'avais des économies et j'ai lancé ma première entreprise commerciale qui a été une calamité."
Leon Turrou 1923 Calamity Business venture
Le terme utilisé est "Calamity" qui est identique en français avec calamiteux. Cela veut dire un grand désastre, une catastrophe. C'est un terme très fort que l'on n'utilise pas sans raison. Qu'elle est donc cette catastrophe évoquée par Turrou ? Il s'agit bien d'un deuxième voyage en France entre mai et le 7 juillet 1923, date du retour aux Etats-Unis. J'ai démontré dans mon ouvrage : "Affaire Seznec : Les archives du FBI ont parlé", preuves à l'appui que Turrou était bien l'américain Charly qui avait monté l'affaire de Cadillac. La démonstration repose par élimination. Elle est implacable et imparable, je vous invite à vous procurer la dernière édition de mon livre.
Nous savons aussi que Turrou a fait une demande de passeport le 20 octobre 1924. Il indique avoir l'intention de visiter plusieurs pays européens pour affaires. Il y a une mention manuscrite L & M Mushroom 1253 BOYNTON Avenue, Bronx. Il a effectivement effectué un déplacement vers décembre 1924 et jusqu'au 11 février 1925. En réalité, il est retourné pendant 6 semaines en Russie. L'objet de ce voyage n'était peu ou pas lié à de possibles affaires. Cette histoire de champignons apparaît comme un prétexte ou une couverture.
Un agent du FBI est en charge d'interroger Davidowsky, ami de longue date de Turrou. Ce dernier évoque un témoignage intéressant sur cette année 1923. Il est le gérant d'un bar Grill à New York. L'établissement à mauvaise réputation du fait de clients tapageurs et bruyants. Davidowsky lui-même est considéré comme honnête et charitable. Toutefois, il doit faire face à des ennuis dus à la nature même de son établissement.
Davidowsky indique que vers l'année 1923, Turrou aurait réussi à convaincre quelques Russes de New York d'investir $ 6000 dans une affaire d'export de champignons. Il serait parti en Europe et au lieu de monter l'affaire prévue, Turrou aurait dépensé et perdu l'argent au casino à Monte-Carlo. Il aurait envoyé un télégramme à Davidowsky pour lui demander de l'argent pour permettre de rentrer à New York.
Le témoignage de l'ancien ami de Turrou pointe aussi vers l'année 1923. Davidowsky ne fait probablement que reprendre les explications que Turrou lui a fournies. Nous savons avec certitude que cette affaire de champignon est un leurre et qu'elle sert de prétexte à des déplacements. Après son retour, Leon Turrou a repris une vie rangée et un peu ennuyeuse de vendeur dans un grand magasin. Sur ces Russes qui auraient prêté de l'argent à Turrou, nous n'avons aucune autre information. Toutefois, il est étrange qu'ils ne lui aient pas fait passer un sale quart d'heure, voire pire en coulant Turrou dans un blog de béton comme c'est la règle. Je pense sans pouvoir bien sûr le démontrer aujourd'hui que les $ 6000 n'appartenaient pas à des Russes de New York mais plutôt à des Bretons de Morlaix et Landerneau. La somme de $ 6000 est l'équivalent de 100 000 F de l'époque.
Après avoir subtilisé l'argent des 2 marchands de bois, Turrou est parti à Monte-Carlo pour jouer au casino. En lisant les journaux, il s'est rendu compte que son contact, Quéméneur avait disparu et que Seznec était accusé de meutre. A partir de fin juin et tout juillet 1923, la presse française ne parle que de l'affaire Seznec. Même Le New York Times évoque l'affaire et se demande qui est cet américain dans un article du 26 Juin 1923. Quand Turrou se remémore cet évènement 16 ans après, dans une émission de radio, il en a encore froid dans le dos. Il évoque le terme de Calamity ou grand désastre.
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