Je dispose désormais des preuves établissant les liens entre Pierre Quéméneur et le commanditaire. Cette affaire de véhicules, en elle-même, n’a qu’une importance secondaire.
Ce qui est plus troublant, c’est que la Sûreté Générale connaissait parfaitement ces liens. On peut alors se demander pourquoi elle a laissé accuser ce pauvre Seznec, alors qu’elle savait très bien de quoi il retournait.
Seznec n’a pas été victime d’une erreur judiciaire, ni même d’une machination. Il a simplement été sacrifié au nom d’intérêts supérieurs.
Il est compréhensible que la Sûreté n’ait pas voulu laisser filtrer des informations sensibles pouvant mettre en danger la vie de certaines personnes. Elle a donc organisé une manipulation en s’appuyant sur des “idiots utiles”.
Le commissaire Vidal, tout comme les magistrats Campion, Guillot et Dollin du Fresnel, ont servi de marionnettes. Il en va de même de l'avocat de Seznec, maître Kahn. Je ne sais pas qui l'a convaincu de ne pas aborder l'affaire des Cadillac pendant le procès (Moro-Gaffieri ?). Quant à la presse, le silence y a été acheté. Pour ceux qui pensent que les journalistes ne sont pas corrompus, je publierai les sommes reçues pour écrire sous commande.
Le dossier d’instruction ne fait jamais allusion à ces liens, pourtant évidents, presque criants. Une main invisible a systématiquement détourné les recherches.
Cette main ne peut être que celle du directeur de la Sûreté Générale de l'époque, agissant de concert avec le chef du gouvernement Poincaré/Briand.
Cela explique pourquoi aucune révision n’a jamais été possible. Les éléments dont je dispose étaient classifiés secrets ; avec le décès des protagonistes, ils se sont perdus. Il n’est resté qu’une seule trace que le directeur de la Sûreté Générale n’a pu effacer : l’annonce O.I.R. C'est le petit cailloux dans la chaussure de l'affaire Seznec.
Toute personne ayant travaillé sur le dossier d’instruction s’aperçoit qu’il y a quelque chose qui cloche. On sent bien, intuitivement, qu’il s’est passé quelque chose d’étrange, mais cela reste impossible à prouver.
Denis Le Her Seznec avait bien perçu qu’il s’agissait d’une affaire d’État, mais il s’est engagé sur une mauvaise piste.
Le juge Hervé et le directeur de La Province s’y sont cassé les dents avant-guerre.
Les avocats les plus brillants — Philippe Lamour, Raymond Hubert, Denis Langlois, Jean-Denis Bredin, Yves Beaudelot et Maître Jean-Yves Le Borgne qui a pris la suite… — n’ont pas réussi à trouver le bon ouvre-boîte pour extirper la vérité.
L’affaire Seznec est devenue une affaire mystérieuse, une énigme impossible à résoudre, une affaire qui rend fou.
Il est vrai que la justice a poursuivi son travail d’idiot utile. Les raisons se sont perdus dans la nuit des temps et la poussière des archives.
De nouveaux travaux d'idiots utiles sont apparus pour entretenir le mythe de la culpabilité.
Le dernier en date est le documentaire d'un journaliste indépendant Pierre-François Le Brun et le vulgarisateur historique Michel Pierre, dans le documentaire La fabrique de l’affaire diffusé sur France 3.
Michel Pierre s’appuie essentiellement sur des sources de seconde ou troisième main. Sa thèse repose sur quatre documents en français disponibles gratuitement en ligne.
Pour comprendre l’affaire Seznec, j’ai consulté des centaines de milliers de pages d’archives, parmi lesquelles :
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Le dossier d’instruction et d’autres archives françaises, souvent jamais exploitées ;
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Les archives du FBI et du fonds Hoover d’origine américaine ;
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Les archives d’État de la Fédération de Russie : commissariat à l’économie, fonds Krassine, fonds Tchitcherine, archives déclassifiées de l'ex-KGB… J'ai identifié un dossier qui est en lien avec l'affaire Seznec mais il est toujours interdit de consultation.
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Des milliers d’articles de la presse française, américaine et russe ;
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Des dizaines de milliers d’ouvrages en français, anglais et russe sur l’histoire, l’économie, la police, la politique, l'automobile...
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