dimanche 28 janvier 2024

Le chemin du retour par Vitré

L'article du 28 juin 1923 de l'Ouest-Éclair est sujet à caution. Un arrêt de Seznec de 4 heures à Vitré est mentionné mais il n'apparait pas dans le dossier d'instruction. Le reporteur indique que les renseignements recueillis sont à prendre avec la plus grande réserve. Même si le véhicule est de marque américaine, rien n'indique qu'il s'agisse de la Cadillac de Seznec. La date reste évasive. J'avais évoqué cet article de presse dans un précédent livre mais après avoir échangé avec Bernez Rouz, je pense que cet arrêt de plusieurs heures à Vitré est une hypothèse peu crédible.

Carte michelin 1929

 

 


 

 

Sur cette carte Michelin de 1929, la route logique prise à l'aller est Rennes - Vitré- Ernée- Mayenne- Pré-en-Pail - Alençon- Dreux- Nonancourt - Houdan - Versailles - Paris (cliquez pour agrandir)

Il n'y a pas de raison particulière de penser que sur le chemin du retour, Guillaume Seznec a pris un autre itinéraire plus long, en bifurquant à Mayenne, pour passer par Laval.

Comme indiqué sur la carte tirée du Guide Michelin 1922, la traversée de Vitré en provenance d'Ernée ne passe pas à coté du Boulevard des Rochers. La route de Mayenne et d'Ernée se rejoignent à l'Est. La route de Laval est au sud-est. Les témoins décrivent un véhicule venant de la direction de Laval. Sur le plan, il n'y a aucune confusion possible.



 

En 1923, en calculant à partir de cartes anciennes, il y a 312 km de Pré-en-Pail à Morlaix. En partant vers 8h00, il est possible d'arriver avant 18h00. Seznec est arrivé à 10h00 à Mayenne.  La moyenne Pré-en-Pail - Mayenne est faible de 18,5 km/h mais elle peut s'expliquer par un pneu et une chambre à air défectueux qui seront remplacés par le garage Brilhault de Mayenne. Sans panne et malgré son état, la Cadillac a montré qu'elle pouvait facilement tenir une moyenne de plus de 40 km/h.

  • Pré-en-Pail - Mayenne : 37 km
  • Mayenne - Ernée : 24 km
  • Ernée - Vitré : 29 km
  • Vitré - Rennes : 36 km
  • Rennes - Morlaix : 186 km

Différentes hypothèses :

  • Arrivée Morlaix à 16h00 en roulant à 39 km/h
  • Arrivée Morlaix à 17h00 en roulant à 34 km/h
  • Arrivée Morlaix à 18h00 en roulant à 31,2 km/h

Sur l'aller, la moyenne la plus rapide a été entre  Rennes et Ernée à 45 km/h (voir Affaire Seznec : nouvelles révélations page 167). Il semble que Quéméneur avait pris le volant et qu'il n'y ait pas eu de pannes.

 

                                                     Ouest-Eclair 28 juin 1923 Vitré

Si Seznec était arrivé à Vitré à 13h30 , il aurait mis 3h30 pour faire Mayenne - Vitré, soit 53 km à la moyenne de 16 km/h. Nous parlons ici de moyenne. Cela tient compte des arrêts, pannes, ralentissements divers, traversés de villages et bourgs...

Supposons que Seznec passe quand même à Vitré à 13h30, il lui reste 222 km. Il peut arriver à Morlaix avant 18h00 en roulant à 49 km/h. S'il est resté en panne pendant 4h00 et qu'il repart vers 17h30, alors il faut admettre qu'il ne puisse arriver à Morlaix dans l'après-midi mais plutôt dans la soirée ou dans la nuit. Devant le nombre d'hypothèses, il est difficile d'en tirer des conclusions. De plus, nous avons constaté à plusieurs reprises que Seznec essaye de tenir la police éloignée de Morlaix. S'il prétend arriver dans la nuit, cela permet de ne pas se poser la question de son emploi du temps l'après-midi du dimanche 27 mai 1923 au cas où il aurait été vu dans l'après-midi.

En conclusion, personne (la justice, Langlois, Rouz ou moi-même) ne considère cet arrêt de Vitré comme crédible et cohérent. D'ailleurs, le journaliste indique lui-même qu'il peut s'agir de bruits suite à une enquête rapide. Il n'a pas pris le soin de confronter les divers témoignages comme celui du garagiste Brilhault.

Remettre en cause la totalité du témoignage de Petit-Guillaume sur un élément aussi fragile que cet article de l'ouest-Eclair prouve l'absence de sérieux et de rigueur des ultimes partisans jusqu'au-boutisme de la culpabilité de Seznec. Nous attendions qu'ils nous apportent des preuves de la culpabilité de Seznec. Après 100 ans, il n'y a rien, pas le moindre élément prouvant que Seznec a tué.

La seule explication de toute l'affaire Seznec qui résiste aux faits avérés est le retour à Morlaix de Quéméneur et le Colonel Turrou. Toutes les autres thèses se sont effondrées. 

  


 

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